Critique FM
Il se trouve que je discute souvent de Star Trek avec deux amis, fans de la franchise qui, s’ils sont conscients des problèmes récurrents de scénario et qu’ils ne nient pas les différences flagrantes entre le Star Trek historique avec ce que propose Secret Hideout aujourd’hui, prennent leur pied régulièrement en regardant les différentes séries de Paramount+. C’est d’ailleurs le cas avec ce final de troisième saison de Star Trek Picard.
Et d’une certaine manière, je les comprends. Le plaisir évident qu’a le casting de cette Nouvelle Génération de se retrouver, d’interagir est éminemment communicatif. Pour qui, comme moi, considère que l’arrivée de Seven of Nine dans Star Trek Voyager est ce qui a littéralement sauvé la série, le fait de potentiellement poursuivre l’aventure avec elle dans une prochaine série ou film est une perspective qui peut faire plaisir. D’autant plus qu’en tant que nouveaux personnages, Jack Crusher et le reste de l’équipage principal de l’ex Titan sont interprétés par des plutôt bons acteurs et actrices. Mais voilà, pour beaucoup d’entre vous, comme moi, la forme est une chose, le fond en est une autre. Je ne peux pas faire abstraction du fait que la résolution de ce troisième final de Star Trek Picard est totalement conforme aux deux finales précédentes : une vraie purge qui nous prend pour des jambons. Il y a tellement de séries Star Trek qui ont pour fondement une menace énorme pour la Galaxie qu’on finit par ne plus croire en rien et donc ne plus rien ressentir du tout face aux évènements. Vous y croyez aux défenses terriennes qui arrivent à résister à l’ensemble de l’armada de Starfleet pendant autant de temps ? Et d’ailleurs, est ce que Starfleet est abonné à Amazon Prime pour être livré en torpilles à photon pour les balancer pendant des heures sans rupture de stock ? Vous y croyez au fait qu’un vaisseau doit être visible pour pouvoir être contrôlé par leur nouveau protocole de coordination automatique de la flotte ? Vous y croyez à l’Enterprise D, un vaisseau gigantesque, qui s’amuse à faire comme le Faucon Millenium dans les entrailles de l’Étoile de la Mort... euh pardon du Cube Borg ? Vous y croyez à l’anéantissement de l’équipage de ce cube mais comme par hasard les deux seuls survivants en dehors de la reine amochée sont exactement à l’endroit où sont Riker et Worf ? Le scénario de cet ultime épisode est tellement n’importe quoi que je suis resté de marbre comme anesthésié par tant d’imbécilités. A la limite, le seul truc qui m’a semblé un peu sensé, c’est la place de Jack Crusher sur le nouvel Enterprise G. Si on prend pour principe que la majorité des officiers expérimentés ont certainement trouvé la mort lors de la borgification des jeunes, Starfleet est donc en besoin urgent de recruter et de placer aux postes importants les survivants les plus prometteurs. Comme prévu, la cantoche de Star Trek a oublié de servir du poisson aux scénaristes et producteurs de cette daube. Conséquence logique : amnésie totale des évènements de la seconde saison de Star Trek Picard. Non seulement, Queen Jurati n’a pas montré ses implants Borgs pour essayer de sauver ses amis. Mais en plus, ils ont annihilé la destinée et rédemption de Q. Vraiment un cas d’école à étudier par des étudiants scénaristes pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Seule une scène a trouvé grâce à mes yeux, c’est le tournoi de Poker à la fin de l’épisode. Seul moment où j’ai retrouvé quelque chose qui pouvait relier vraiment la série au Star Trek que j’ai aimé. Quelle tristesse...
Note Tournois de poker
Note Saison 3
Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité |
Analyse TB
Si l’on résume cette troisième saison (et la série Picard en général), on serait en droit de dire que le voyage fut au mieux peu mémorable, plus basiquement inutile, et au pire un gâchis douloureux de plus au compteur très chargé de Secret Hideout. Reste que tout ceci nous a conduit à ce moment, ce final. Alors faute d’avoir eu un voyage qui en valait la peine, la destination méritait-elle de rester devant son écran semaine après semaine ? Bien simplement, non, car les miracles et les contes de fées n’existent pas, surtout en écriture. Si le fil rouge s’arrête ici, ce sera non sans, une nouvelle fois, une cohorte d’incohérences (envers ST et envers Picard), de questions de fond sans la moindre réponse, le tout dissimulé par un Niagara de fan-service pour que, surtout, on ne se préoccupe de rien d’autre. Bien que moins cheap que le précédent, cet épisode final reste fort médiocre et sans le moindre fond trekkien, comme nous allons le voir ensemble.
Tout commence par du fan-service, car nous entendons la communication — exclusivement radio, ce qui est assez singulier — du président de la Fédération Anton Chekov, fils de Pavel de TOS (et également interprété par Walter Koenig avec le même accent russe). Toujours ce VIPisme et ce micro-univers unilatéral, à se demander si la galaxie arriverait à fonctionner sans ces êtres providentiels qui passent une vie entière sur les feux de la rampe, à capitaliser tous les postes clés et être les héros de toutes les situations. L’utopie trekkienne reposant sur une élévation globale de l’humanité, elle est décidément absente de cette saison du début à la fin. Passé un discours sur l’espoir d’une originalité inexistante, nous revenons sur la passerelle de l’USS Enterprise D, et le visage empreint d’une gravité de circonstance de Picard.
Basculant sur la flotte qui pilonne la Terre, ou plutôt la station orbitale où se trouvait l’amirale Elizabeth Shelby dans l’épisode précédent, les zombies-Borgs nous impressionnent par leur tactique qui consiste... à faire un gros tir groupé avec tous les vaisseaux à l’arrêt ! Zut, ils n’ont pas eu le temps de lire "la tactique pour les nuls", c’est ballot... Nouvelle caractéristique chez eux, ils commentent verbalement tout ce qu’ils font, certainement pour que le public puisse suivre, des fois que nous soyons trop stupides pour y parvenir sans cette béquille. Cela fait deux épisodes que l’on parle de Borgs sans rien qui y ressemble par leur comportement ou leur conception, le cannibalisme est ici à son paroxysme. Seven et son groupe prennent alors d’assaut la passerelle — décidément, on vient sur cette passerelle comme on rentre dans un moulin ! — et prennent les zombies-Borgs au dépourvu. Oui, oui, une race interconnectée avec de multiples paires d’yeux sur les caméras de sécurité se fait surprendre comme une bande de touristes, ces Borgs sont plus terrifiant à chaque minute qui passe. Mais comme tuer, c’est mal quand il s’agit de l’équipage, les tirs, ni stun ni létaux, les téléporteront en salle de transport, par un ingénieux système de Raffi. Sauf que cela atteste en creux que ces Borgs (décidément bien minables) sont dépourvus de boucliers individuels, donc il suffisait encore une fois à Seven d’utiliser ses codes de commandement pour activer les téléporteurs et envoyer tous les infectés en cellule, sans prendre le moindre risque. Sauf que cela nous aurait privé d’une scène de fusillade, donc pas question. La passerelle désormais sous contrôle, Seven prend les commandes et nous rappelle l’évidence : il faut déconnecter l’USS Titan de la Fleet Formation pour pouvoir manœuvrer le vaisseau. Du coté de Jupiter, Data évalue que seulement 36% du cube est opérationnel — ce qui confirme qu’il est actif depuis des années et doté d’une signature énergétique qui aurait dû être repérée il y a belle lurette —, et qu’une balise de transmission réside à l’intérieur. Deanna, elle, sentira Jack entièrement consumé par le collectif. Mais Picard et Beverly ne voudront pas se résigner et affirmeront (par pure bravade et sans le moindre élément factuel) que Jack est toujours là et peut être sauvé. Et quand bien même, Jean-Luc ? La vie de ton fils mérite-t-elle la multitude de vies humaines massacrés à bord de la flotte ou de la Terre à chaque minute qui passe ? On est bien loin de la maturité de TNG et de son Riker qui, confronté pour la première fois à Locutus dans l’inoubliable TNG 04x01 The Best Of Both Worlds, n’avait pas hésité plus d’une seconde avant d’ordonner la seule décision possible : "fire". Que ce soit leur enfant ne justifie pas de sacrifier des centaines d’officiers et risquer l’annihilation de la Terre pour le sauver, c’est un encore une fois une narration faible, égocentrée, manipulatoire, et aux sentiments pour ne pas dire à l’estomac. Et personne parmi les vétérans de cette passerelle iconique ne trouvera rien à y redire, bien entendu. Mais pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, Geordi nous gratifiera d’une absurdité de compétition : localiser la balise va être difficile car le signal est si fort qu’il brouille les senseurs ! Sérieusement ?! On ne peut pas localiser le signal car il est trop puissant ?! Mais par pitié, qu’ils engagent un comité de relecture ! Tout ça pour dire qu’ils sont obligés d’accéder aux systèmes sur place pour trouver la source, ce qui est une précision superflue puisque pour sauver Jack, ils devaient se rendre à l’intérieur de toute façon.
Téléportés à bord du cube, le trio trouvera un vaisseau presque fantôme, aux drones absents et décomposés, toute l’énergie et les ressources du vaisseau ayant été redirigées pour maintenir un système prioritaire — mais personne ne pensera à la reine, ce qui est pourtant évident. Accessoirement, on aura d’autant plus de mal à comprendre pourquoi localiser Jack est difficile dans un vaisseau où il n’y a pratiquement plus aucune vie. Picard comprendra par la magie du script, heu, ses souvenirs de Borg, que Jack est « past the Unimatrix array, below the transporter platform », ce qui étonnera toutefois Riker — qui n’est pas au fait que ceci est une repompée totale de The Rise Of Skywalker, le pauvre —, ce qui conduira à un échange ruisselant d’un pathos bien gras, où Picard dira qu’il ne peut plus être leur capitaine car il doit être un père ! Toujours ce nombrilisme des personnages exhibé comme si c’était noble, la démagogie à la sauce Kurtzman est en grande forme. Et rajoutons à cela qu’en situation d’urgence maximale (la Terre risque la destruction à chaque seconde perdue), on prendra plus d’une minute pour se faire des adieux bien larmoyants, les officiers morts pendant ce temps les remercient. Ainsi, Worf et Riker partent chercher la balise (et donc sauver la Terre, eux) pendant que Picard donne la priorité à ses sentiments plutôt que son devoir, encore. Et puis, il prendra bien le temps de dire à Beverly qu’elle a été une mère parfaite — alors que d’un point de vue de la santé de son enfant, elle n’a rien vu le concernant en vingt ans. Une densité de pathos tout simplement malaisante...
Du côté de l’USS Titan, Raffi informe Seven qu’un vaisseau a engagé le cube Borg, et l’identifie. Seven statuera qu’il faut leur faire gagner du temps en récupérant le contrôle du Titan. Oui mais non, c’est parfaitement inutile, vu qu’elle plus que quiconque devrait savoir que les Borgs priorisent parfaitement leurs objectifs. Donc soit le Big D n’est pas considéré comme une menace et la flotte l’ignorera souverainement, soit il en devient une et toute l’armada se focalisera sur lui, et le Titan n’y changera rien dans un cas comme dans l’autre. On notera toutefois la même débilité opérationnelle dans les deux camps, vu que compte tenu de la vulnérabilité absolue que constitue la balise, mobiliser une portion de la flotte pour protéger Jupiter aurait relevé de la logique la plus élémentaire. Mais attention, car voici venir la seconde absurdité de compétition du jour :
Nous retournons à Picard et sa confrontation avec la reine in name only. Cette dernière sortira moult absurdités, se comparant à une mère pour Jack (ce qui poussera Jean-Luc à ouvrir le feu, en vain car elle bénéficie de boucliers, elle), et qu’il ne restait qu’elle dans le vaisseau il y a encore peu. Sauf que la reine Borg a toujours été une émanation du collectif, pas une personne. Ergo, pas de collectif, pas de reine, car aucun partage de pensées, seulement une femme jadis assimilée, désormais seule. Passons. Se sentant très esseulée, et n’ayant rien à assimiler ou nulle part où aller, la seule voix qu’elle put progressivement entendre fut celle de Jack. Elle décida alors que le futur des Borgs n’était plus l’assimilation, mais l’évolution. Si.
Refaisons un point sur Seven et son plan pour neuneus, qui depuis tout à l’heure, fais des passes où le vaisseau sort de camouflage, tire sur la flotte et se re-camoufle rapidement. Une vague nuisance à l’échelle d’une flotte entière, mais qui poussera pourtant les Borgs à diviser leurs ressources — du jamais vu pour l’espèce qui a toujours agit de façon entière, par ordre de priorités, quitte à subir des pertes — pour localier le Titan. Notons, incohérence supplémentaire, que les Borgs arrivent à progressivement anticiper les apparitions du vaisseau par algorithmes prédictifs, à viser et passer très près de toucher le Titan, mais que Fleet Formation est, lui, incapable de reprendre le contrôle. Ce système est plus nul encore à chaque péripétie. Pendant ce temps, le cube passera en mode de combat et ouvrira le feu sur le vaisseau. Beverly ordonnera de riposter et, forte d’un USS Enterprise D équipé miraculeusement de torpilles de dernière génération, causera des dégâts impressionnant au cube. Ce qui confirme que bien des vies auraient été sauvées si l’équipe avait ouvert le feu dès son arrivée et que le Titan était venu en renfort au lieu de jouer les ballerines invisibles. Certes, cela aurait condamné Jack — qui s’est condamné tout seul en fonçant chez la reine, soit dit en passant — mais de mémoire, « the needs of the many outweight the needs of the few », non ? Passons. Data, grâce aux renseignements fournies par Riker, trouvera que la balise est... en plein cœur du cube. Oui, pour en arriver à ce résultat parfaitement évident, c’était bien utile d’attendre une demi-heure et de nous expliquer idiotiquement que localiser la balise était trop difficile. Geordi statuera qu’il est impossible de naviguer en plein cœur de l’Étoile de la Mort, heu, du cube, mais Data dira qu’il a un "gut feeling", lui disant que lui, il peut le faire. Et simplement rappeler que, de par sa vitesse et sa puissance de calcul, il est capable de prouesses qu’aucun humanoïde ne peut accomplir ? Non, ça ferait trop SF et pas assez baroudeur de l’espace, sans doute... Et dans une séquence qui rendra interloque quant à l’absence de procès pour plagiat de la part de Disney, le Faucon Millenium, heu, le Big D, s’élancera à travers le cube pour atteindre sa cible. De retour chez Seven, la station (sur laquelle était concentrée le feu de toute la flotte depuis le début) sera enfin détruite, et nous d’apprendre qu’ils s’agissant des défenses planétaires. Donc le générateur de boucliers protégeant la planète était placé devant le bouclier. Là, c’est au niveau de la saison 8 de Games Of Thrones, et ses trébuchets placés en première ligne. Quant à imaginer qu’une seule station constitue l’intégralité des défenses de la Terre, c’est là aussi si inepte stratégiquement qu’il vaut mieux parler d’autre chose. La flotte commencera à viser toutes les cités importantes de la planète simultanément, ce qui impliquerait que nos héros ont une minute, peut-être deux, pour renverser la situation avant que des morts par centaines de millions ne soient dénombrées. Parallèlement, le Titan perdra son cloaking device, car les Borgs enfermés se sont libérés (en ouvrant une porte de sécurité à main nues, allons donc...) avant d’aller saboter le dispositif. Le vaisseau, visible, encaissera de multiples tirs et Seven admettra que privé de camouflage, le vaisseau est "dead in the water". Donc tout ce qu’aura accompli le capitaine Seven, c’est de chatouiller l’ennemi et se prendre une dégelée. La classe, Kirk, mort en demandant « did we make a difference ? », serait très impressionné.
C’est ici Riker qui narrera les événements, enregistrant son journal de capitaine alors qu’il n’est plus capitaine d’aucun bâtiment.
Après un plan sur Riker, Geordi et Picard faisant leurs adieux à l’USS Enterprise D, nous retrouvons Jean-Luc et Beverly escortant Jack à sa première affectation. Même ce dernier fera remarquer que cela tient du népotisme de recevoir un poste aussi rapidement, après un programme accéléré à l’académie. Oui, Jack, c’en est, et c’est parfaitement honteux dans une utopie et même une simple société éclairée. Alors qu’ils approcheront de l’USS Titan, ladite affectation du fils prodigue, Picard découvrira avec surprise — et nous avec un facepalm — que ce dernier a été rebaptisé Enterprise G pour honorer l’équipe de Picard. Par Q, non ! Par où commencer ? En se scandalisant que l’on rebaptise un vaisseau, chose pour ainsi dire jamais vue dans l’histoire ? Ou que cela efface le nom (et la mémoire) des personnes ayant servi et péri à son bord ? Ou peut-être que le flagship de la flotte a toujours été de la classe la plus lourde, alors que l’USS Titan en est d’une inférieure ? Somme toute, une déchéance infâme. OSEF, tout sur le fan-service nostalgique le plus crasseux, et va comme je te pousse !
Conclusion Cet épisode final est la confirmation de tout ce que l’on pouvait attendre à la fin du précédent. Incohérent sur tout, tout le temps, il n’est pas possible de tenir une minute sans qu’une incongruité grossière avec sa propre narration — ne parlons ici même plus du ST historique, ce serait se faire du mal pour rien — ne vienne nous sauter à la figure. Finissant exactement au même niveau que Discovery ¬— et en particulier de ses affligeantes fins de saisons — tout n’est ici que prétexte au pathos, l’autocongratulation et du nostalgia porn, sans même se soucier de raconter une véritable histoire. Cette reine Borg est au moins aussi pathétique que Vadic en Changeling, rien n’est expliqué ou presque et les rares choses à l’être… s’avèrent totalement absurdes. Au moins, nous aurons passé cette semaine la moitié de l’épisode dans un vaisseau avec un éclairage correct, et, ô miracle, sans avoir vu ces satanées coursives. Quelques moments sont visuellement réussis, et la CGI d’un excellent niveau (en tout cas bien meilleure qu’en début de saison).
Note Episode Star Trek
Note Saison
Note Saison Star Trek
Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité |