Critique FM
Après un troisième épisode qui débordait d’effet spéciaux, la production de Star Trek Picard décide de faire une petite pause avec des évènements qui se déroulent à 95% à l’intérieur du Titan. Histoire de ne pas bruler tout le budget, mais aussi pour faire le point sur les relations entre les personnages. On va donc se féliciter cette semaine de ne pas voir les aventures de Worf et Raffi. L’histoire reste bien centré sur Jean Luc Picard qui cherche à trouver une connexion avec son fils Jack en essayant de comprendre pourquoi celui-ci n’a pas essayé de le rencontrer auparavant. La recherche de création de ce lien est un échec. Il faut dire que notre bon amiral a le caractère qu’on lui connait. L’égo et une certaine forme de vanité de notre vigneron des étoiles n’est pas le moindre de ses défauts. A moins qu’il ne faille parler de qualité car c’est ce qui fait aussi sa force. Toujours croire en soi alors que les autres perdent espoir peut sauver la mise. Pour autant, personne n’aime qu’on lui dise ses 4 vérités et c’est à nouveau le rôle du Capitaine Shaw de dézinguer la légende. En tout cas, l’ensemble de la séquence est brillamment joué par Patrick Stewart. Le questionnement reste entier sur Jack Crusher. Qui est-il vraiment ? Est ce que ses visions sont la raison pour laquelle Vadic cherche à le capturer ? Mystère... La menace en provenance du Dominion, quant à elle, se fait plus précise, mais les métamorphes sont-ils vraiment toujours les mêmes ? Le personnage de Vadic commence à évoluer. Amanda Plummer, pour l’instant, n’avait pas grand chose à jouer. D’adversaire implacable à la voix de dessin animé, celle ci montre cette semaine un aspect plus ambivalent de sa personnalité. En tout cas, Plummer a naturellement un visage qui se rapproche d’un Fondateur. On n’a clairement pas encore toutes les ficelles de cette histoire. Bref, à suivre... Reste la résolution technique qui permet au Titan de se sortir d’affaire. Surfer sur une vague d’énergie... Hum... Pourquoi cela me rappelle quelque chose ?... ... ... Ne serait ce pas une solution déjà utilisée par le Discovery dans une saison précédente ? Bref, on recycle une idée pas terrible, mais qui est mieux rendu ici grâce à un emballage de technoblabla mieux maitrisée. Un épisode bien sympathique même s’il n’est pas au niveau du précédent Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité |
Critique YR
Malgré quatorze ans de purges kurtzmaniennes, un sursaut qualitatif est toujours possible. Au pire sur un malentendu (jurisprudence Jean-Claude Dusse).
Picard 03x04 No Win Scenario oscille ainsi entre le bon — oui vous avez bien lu — quoique fugacement et non sans incohérences internalistes, et les tréfonds kurtzmaniens plus classiques, comme cette critique va le montrer… Tout commence par un flashback de Picard voulant dîner tranquillement dans un restaurant —épouvantablement sous exposé, comme désormais tout ce qui est filmé en cherchant à se donner un ton "mature" — alors qu’une escouade de cadets viennent le presser pour une histoire avec autant de retenue que les gosses de Papy Grenier.
Riker quitte la passerelle pour rejoindre Picard et évacue immédiatement son inexcusable craquage de la fin de Picard 03x03 Seventeen Seconds : Jean-Luc avait raison. On appréciera que ce psychodrame de pacotille amené avec aussi peu de finesse que de crédibilité soit rapidement mis sous le tapis pour que l’épisode puisse se concentrer sur autre chose, tant cette sortie de Riker était lamentable pour un capitaine devant toute sa passerelle.
Ce qui oblige à ouvrir une parenthèse sur Patrick Stewart et la qualité de son jeu. Dire que l’on est loin du grand acteur Shakespearien du temps de sa gloire serait en dessous de la vérité. Le regard vitreux, les traits tirés, il est évident que l’homme n’a plus ni l’âge ni l’énergie nécessaire pour être un premier rôle, surtout dans une série d’action et d’aventure. Michael Douglas y est parvenu mais La Méthode Kominsky est une série autrement plus adapté que Star Trek pour un acteur de 80 ans, a fortiori dans le rôle-titre.
Pendant ce temps, Seven traque le métamorphe dans les coursives, l’arme au poing. Elle trouve à la place sa dernière victime et va faire son rapport à Riker, qui lui demande de rester discrète sur le sujet avec l’équipage. Bonne consigne mais assez peu utile vu que Seven est officiellement mise à pied et passe son temps dans les couloirs, on ne voit donc pas très bien à qui elle pourrait parler.
Après un bref interlude où Beverley prouve qu’elle sait compter à rebours depuis 5 et que Picard demande sa permission pour parler à Jack — un instant quelque peu déréel vu l’âge de ce dernier — nous revenons sur Seven (venue de ST VOY et non de ST DS9) qui va demander conseil à Shaw, brusquement devenu spécialiste des métamorphes par les hasards du script. Dans un dialogue hélas toujours dans la tradition kurtzmanienne, c’est-à-dire un échange de fions digne des rois Loth et Léodagan interrompu occasionnellement par une réflexion pertinente, Shaw finira néanmoins — après deux interludes, tout de même — par lui donner le truc : il faut tester la personne par des questions pièges pour être sûr que l’on a affaire, ou pas, à un métamorphe. Il lui suggère également de trouver du résidu de tissu métamorphe dans le pot où il passe en mode liquide et de s’en servir pour scanner le vaisseau à la recherche de celui qui les aura laissé.
Coté interludes, Riker essaie d’enregistrer une lettre d’adieu à sa femme, sans toutefois y parvenir et finalement mettre l’enregistrement sur pause... en appuyant sur l’écran. Donc après 3 décennies de progrès technologique, on a régressé de la commande vocale à la pression tactile. Bravo à Secret Hideout, qui trouve toujours le moyen de se prendre les pieds dans les détails. Dommage, ce Riker qui ne trouve plus ses mots à l’orée d’une mort certaine avait un certain cachet.
Mais changeons un instant de décors — comme toutes les minutes, le montage alterné permanent étant le parti pris dominant de mise en scène — et retournons sur le Shriek, où Vadic se taille brusquement la main pour parler à un visage métamorphe qui s’en écoule. Il lui demande un rapport car, visiblement, tant qu’il était dans son système sanguin, il avait du mal à suivre les événements, en contradiction totale avec ce qu’Odo avait pu montrer il y a 30 ans.
Nous retournons une seconde fois dans le passé et le fameux dîner froid de Picard, qui est toujours dans l’incapacité de prendre sa fourchette, vu que les cadets sont pires que des enfants de huit ans. Après la petite madeleine de Proust où Picard évoque les Tamariens et l’inoubliable Darmok, on lui demande de parler de son plus mémorable "no win scenario" (qui aura donné à l’épisode son titre), qui s’avère une mission avec Jack Crusher 1er du nom. Mais avant que papi-card n’ai le temps de la raconter ou de manger, la scène s’interrompt, encore. Soyons francs, ce teasing coïtus interruptus est très peu inspiré et son découpage par paquet de trente secondes une bien piètre mise en scène. Suite et fin de l’omelette norvégienne de Jean-Luc à la toute fin de l’épisode, histoire de bien étirer cela autant que possible... On revient sur Jack et Picard avant de bénéficier d’un nouvel interlude où Seven ramène le pot de chambre en vue de le scanner. Mais elle croise évidemment le métamorphe dans les couloirs et il s’en suivra un échange de tirs où, dans la tradition kurtzmanienne, le mode de tir assommant n’existe plus. Alors que le métamorphe ne s’en embarrasse pas, aucun problème, mais que Seven commence par lui désintégrer un bras sans même essayer le "stun", c’est un peu plus gênant. Certes, son personnage dans Picard a toujours été dépeint comme une Sarah Connor tuant sans sommation, mais c’était avant de réintégrer Starfleet.
Et c’est là, après une demi-heure de pathos, de soap et de flashbacks de remplissage, tel une équipe de rugby menée au score depuis 60 mn, que l’épisode change de rythme, de ton et surtout, sort enfin de ce repli individuel permanent.
Riker, comme pour rappeler que l’officier supérieur doit toujours commencer par être idiot chez Secret Hideout, refusera de prime abord le plan car "trop risqué". C’est sûr que quand l’alternative est la mort par suffocation 2h plus tard, le risque est inacceptable... Fort heureusement, ce passage forcé est rapidement évacué et Riker décide d’oublier d’être peureux. Ouf, on n’est pas passé loin de la rechute, en fait c’était surtout pour que Beverly cite Deanna devant Riker pour le convaincre. Faudrait quand même pas prendre une décision rationnelle quand on peut le faire aux sentiments...
Car du coté de Shaw et Seven, l’ex Borg aura logiquement anticipé que le métamorphe ne pourrait pas choisir un meilleur moment pour saboter le vaisseau. Faisant mine de laisser Shaw seul pour appâter sa proie, cette dernière tombera dans le piège et viendra sous la forme de Sidney La Forge dans le but de neutraliser une nacelle sur deux — assez d’énergie pour sortir de la nébuleuse mais pas assez pour réactiver le warp core — et se retrouvera avec le phaseur de Seven sur la tempe. Après une question test où le métamorphe échouera immanquablement, Seven tirera à bout portant au niveau maximal. Oui, si l’on peut convenir de certains progrès dans cet épisode, nous demeurons chez Kurtzman, où l’idée même de capturer ou d’éviter de tuer est une hérésie. S’ils ont visiblement enfin compris que Star Trek est basé sur le collectif, l’humanité utopique et bien plus évoluée que la nôtre du 24ème siècle, c’est pas encore ça. Dans 14 ans de plus, peut-être... De retour sur la passerelle, alors que la sortie de la nébuleuse approche, Vadic embusquera l’USS Titan en lui coupant la route. Donc le coup de la mission suicide, si elle a dit "oui, oui" pour faire plaisir à l’autre parrain de pacotille, elle aura finalement choisi de vivre en se servant de son cerveau. Un authentique désaveu de l’idiocratie pourtant omniprésente dans la série, ça ne se refuse pas.
Le flashback au restaurant reprend pour enfin se terminer. Nous n’aurons jamais l’histoire concernant Jack Crusher 1er — encore une fois, ce teasing permanent pour rien, c’est vraiment pauvre — mais par contre une assez belle tirade sur l’équipage qui fait partie de vous et vous complète. Assurément trekkien, quoique quelque peu emphatique.
Conclusion Nous avons désormais la preuve qu’une série kurtzmanienne peut comprendre Star Trek et s’en inspirer correctement, du moins si l’on ne rentre pas trop dans les détails. Reste à savoir si nous assistons cette semaine à un feu de paille ou à un virage attendu depuis trop longtemps.
Pour autant, tout n’est pas rose. Chez Starfleet on tue, on oublie de capturer, on communique comme des protagonistes de GoT, l’humanité du futur ressemble beaucoup trop à la nôtre, les gens ne pensent qu’à parler d’eux et passent leur temps à faire l’exposé de leurs traumas, bref, on est toujours à des années lumières du Star Trek roddenberro-bermanien et de ce futur que nous aimerions tous vivre, avec cette humanité si inspirante et optimiste.
Alors l’un dans l’autre, l’épisode n’a rien d’un chef-d’œuvre. Trop de dilution de la SF par des interludes permanents de soap dont on se passerait sans mal, un montage qui empêche de se concentrer, et toujours des personnages qui ont furieusement besoin d’apprendre à parler d’autre chose que de leur nombril. Et puis si l’on pouvait aussi se défaire de cette manie de tout filmer dans le noir, ce serait pas mal non plus.
Note Star Trek
Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité |