Analyse
L’USS Discovery arrive donc en orbite de la planète – désormais désertée et sise à deux années-lumière de l’hyperfield – d’où serait originaire l’espèce 10-C ayant créé la DMA collectrice de boronites et accessoirement exterminatrice de systèmes stellaires entiers dans la Voie Lactée.
Allez le croire ou non, mais il s’agissait d’une géante gazeuse qui aurait brulé tout son gaz (et dissipé son atmosphère) suite à des impacts d’astéroïdes ! Rien que cette assertion viole déjà plusieurs lois cosmologiques...
Quant à l’idée que des formes de vies sensients aient pu naturellement se développer à la surface du noyau solide d’une planète jovienne où la pression atteint les milliards de Pascals et la température des dizaines de milliers de degré, c’est… comment dire… TGCM !
Qu’à cela ne tienne, Burnham et trois autres VIP (Saru, Culber, et Detmers) enfilent les combinaisons des Power Rangers (à moins que ce ne soient celles de Tron) pour aller explorer la surface en navette. L’occasion d’une séance d’épouvante-pour-rire où Saru puis Culber puis Burnham ont successivement la sensation d’être assaillis par les spectres furax des 10C...
Mais après quelques minutes de train fantôme, Mary-Sue comprend tout : c’était évidemment la poussière de la surface qui #1 est entrée dans les scaphandres, #2 véhicule les émotions laissées par les 10-C !
Ainsi donc, les combinaisons spatiales les plus avancées du 32ème siècle ne protégeaient pas des poussières spatiales ! Sauf que si les poussières et d’autre microparticules étaient entrées, l’oxygène serait depuis longtemps partie. Qu’importe, suffit faire un micro-réglage sur les combis, et le problème est corrigé en trois secondes chrono !
On se demande du coup pourquoi cet ajustement (vital quand même) n’avait pas été fait par défaut avant de sortir, ni détecté par les combis (vu toutes l’électronique, les détecteurs, et les protocoles de sécurité dont elles disposent). Ah ben si, on sait pourquoi : il fallait bien que les héros découvrent que ces poussières sont "empathiques"...
Histoire de confirmer cette théorie si "poétique", après avoir éprouvé la peur des anciens indigènes (du temps où leur monde était en perdition), les quatre Super sentai entrent dans un bâtiment à l’abandon ressemblant vaguement à l’extérieur du vaisseau du Vau N’Akat Diviner sur Tars Lamora (cf. Prodigy) et ils découvrent une ancienne nursery. L’occasion pour eux de se laisser pénétrer par les "atomes d’amour" qui trainaient encore dans le coin mille ans après... et bien sûr de s’en émerveiller via des torrents de lyrisme autocentrés sur leur propre enfance... QED.
On arrive donc là à la pierre angulaire de la quatrième saison, à cette "idée de génie" qui ne pouvait germer que dans l’esprit des cadors de l’écurie Kurtzman : les 10-C ont laissé derrière eux des émotions, enregistrées dans la poussière de la route – au demeurant qualifiée improprement "d’hydrocarbone" en VO (car signifiant hydrocarbure en VF).
Faut croire que les scénaristes de Discovery sont tombés sur un article de vulgarisation scientifique qui présentait la poussière spatiale et le régolithe comme la "mémoire du cosmos", et sans en saisir le concept (c’est-à-dire sans dépasser le stade de la punchline dont même la fantasy ne pourrait se contenter), ils l’ont recyclé d’une façon toute discoverienne ! Un tableau de chasse déjà fameux, où figurent entre autres le réseau mycélien, les tardigrades... et le Burn cosmique généré par la tristesse d’un bébé kelpien.
En détectant finalement seize composés uniques "d’hydrocarbones", soit seize émotions distinctes, il n’en fallait pas davantage pour que les protagonistes convoquent la pierre de Rosette de Jean-François Champollion (d’où le titre de l’épisode), et partant, l’ambition de bâtir un nouveau langage exclusivement émotionnel, donc une nouvelle grammaire et un nouveau vocabulaire pour communiquer avec les 10-C.
Pas si "nouveau" que ça en fait, car c’est comme par hasard la langue natale de l’archange Michael en dépit de son éducation et de sa culture vulcaines.
Il y avait les nombres premiers (ou autres suites entières répertoriées par l’OEIS) qui définissaient un langage mathématique universel pour établir les premiers contacts avec d’autres formes de vie intelligentes. Mais dans le #FakeTrek, c’est peanuts. Alors Discovery en a proposé sa propre version saccharosée et copyrightée : le langage universel des émotions lové dans les poussières d’étoile... et les yeux humides de la dea ex machina Burnham. Un linguacode auquel jamais n’auraient pensé Hoshi Sato...
Il est cependant intéressant de remarquer que le nombre d’émotions recensées dans la poussière originelle des 10-C équivaut peu ou prou au maximum que peuvent ressentir les cochons ou les lapins... tandis que l’objectif ici est de s’adresser à l’espèce vendue comme la plus avancée de l’univers connu ! Mais eh, tout va bien, et la stratégie est solide... puisque ces extraterrestres savent aimer leur propre progéniture. C’est donc dans la poche pour atteindre leur cœur, pour les ouvrir à la beauté de l’amour universel (et du mélo), et pour leur faire prendre conscience que ce n’est pas bien gentil de génocider les planètes des autres.
Afin de maintenir une tension maximale et un sentiment d’urgence, Discovery 04x11 Rosetta ne cesse de marteler qu’il ne subsiste plus qu’une vingtaine d’heures avant que Ni’Var (Vulcain), la Terre et Titan ne soit détruites par la DMA.
Un compte à rebours critique avant la fin du monde qui explique certainement que la capitaine Burnham ait estimé plus utile d’aller faire de la paléontologie et de l’archéologie exobiologique sur une planète abandonnée depuis plus d’un millénaire (et donc obsolète sur tous les plans)… plutôt que d’observer de près des anneaux de Dyson (apparemment une variante de la sphère de Dyson de ST TNG 06x04 Relics) déployée autour de l’étoile des 10-C (et qui en aurait bien davantage appris sur leur technologie).
Un compte à rebours critique avant la fin du monde qui explique probablement aussi que le détachement sur la planète soit composé d’une seule navette et de seulement quatre équipiers VIP au lieu de mettre à contribution toutes les ressources et tout le personnel de l’USS Discovery (se tournant tranquillement les pouces pendant ce temps-là).
Un compte à rebours critique avant la fin du monde qui explique enfin que Burnham et son équipage passent quasiment tout le run de l’épisode à se contempler les émotions, à se faire psychanalyser le nombril, à gloser sur leurs émois, à explorer leurs souvenirs persos (Adira), à se draguer (Saru et T’Rina), à se prodiguer de grandes déclarations, à faire dinette autour de thés ou de cafés bien chauds, à multiplier les câlins et les papouilles… et à répéter bien sûr avec des gueules d’enterrement que le temps presse grave.
Hachement convaincant... dans le style jackass.
Et puis il y a Book et Tarka qui débarquent comme des fleurs, "finger in the nose".
Dans l’épisode précédent, c’est à peine si l’USS Discovery avait réussi à traverser la Galactic Barrier (malgré le télécabine des "spacial cells"). Mais l’univers conserve probablement la mémoire des exploits des "pionniers", dès lors c’est du gâteau pour les suivants même dans des vaisseaux bien moins puissants et équipés. (Dommage en revanche que l’univers ne conserve pas la mémoire du ST historique où Kirk avait traversé sans effort la même barrière...)
Fort de leur écrasante victoire sur la première DMA dans Discovery 04x09 Rubicon, les deux vaillants Pieds nickelés se proposent de remettre le couvert en prenant de vitesse Burnham pour pénétrer avec leur vaisseau-Transformer dans l’hyperfield de l’espèce 10-C afin de détruire la source d’énergie qui alimente la DMA !
Et hop, c’est tout simple. Aussi simple que de le dire, si c’est pas la magie du performatif ça ! Tandis que de son côté Burnham galère en avouant ne pas du tout savoir comment franchir ledit hyperfield…
Mais en même temps, pendant que le détachement est au sol, Book voudrait bien savoir ce que Burnham fabrique sur la planète d’origine des 10-C (faut bien avouer…) et il voudrait surtout connaître le plan exact de l’USS Discovery à l’endroit des puissants aliens (on peut pas dire qu’il y en ait un). En réalité, sa chérie lui manque, et comme toujours dans le #FakeTrek, les intérêts persos passent avant toute autre considération… même quelques heures avant la fin du monde (quoiqu’il est vrai que cette apocalyptique échéance est déjà passée pour Cleveland...).
Enfin bref, peu importe les raisons exactes (qui sont un peu nébuleuses), le vaisseau-Transformer active son écran d’invisibilité et exploite un angle mort des capteurs pour s’arrimer discrètement au Discovery. No problemo, malgré les différentiels de masse et d’inertie, la super-IA sentient Zora n’y voit que du feu, idiocratie générale oblige. En passant, le script confond parasite et épiphyte (mais c’est un détail).
Pendant que Tarka va placer (ou activer) un mouchard en salle des machines (on se demande pourquoi dans un endroit aussi central et fréquenté…), Book décide de suborner la générale terrienne Ndoye. Ben oui, comme celle-ci avait voté en faveur de la stratégie offensive contre la DMA dans Discovery 04x07 But To Connect, aucun doute qu’elle se rangera à nouveau du côté du plan offensif des deux Pieds nickelés renégats (et leur importera de l’intel).
Cleveland la coince donc dans un couloir et la convainc sans trop de difficultés en une minute. Mais en contrepartie, elle lui impose à peu près le même deal que Burnham dans Discovery 04x09 Rubicon, à savoir ne frapper que si la diplomatie échoue. Un deal d’évidence – celui du plan B – qui aurait dû être au centre même des débats de Discovery 04x07 But To Connect si cet opus-là avait été tant soit peu réaliste, au lieu d’opposer ce qui n’aurait jamais dû l’être pour une aporie tactique qui s’est étendue sur trois longs épisodes…
De son côté, à avoir voulu pénétrer dans la section la plus surveillée du vaisseau, c’est sans surprise que Tarka se fait surprendre… par Jett Reno. Mais comme il n’est fait aucune mention de cette intrusion au retour de l’away team conduite par Burnham, il était alors évident que l’ingénieure de l’USS Discovery avait été soit neutralisée soit kidnappée. Le prétendu twist final (où l’on découvre Reno à bord du vaisseau-Transformer) n’en est donc pas un et se dégonfle comme une baudruche.
Ce qui ne s’effondre pas en revanche, c’est l’incrédulité, persistante, permanente, omniprésente : comment Tarka a-t-il réussi à embarquer Reno avec lui en traversant avec elle tout l’USS Discovery jusqu’au sas ? Et si d’aventure il avait la possibilité de recourir à l’auto-téléportation (du 3ème siècle), pourquoi ne l’a-t-il pas d’emblée employée pour entrer et sortir de la salle des machines sans se faire prendre ?
Alors, certes, les SFX ne sont pas mauvais. "And so what ?"
Nous avons dépassé le stade où ça ne suffit plus. C’est désormais devenu contreproductif.
Conclusion
La résolution du fil rouge de la quatrième saison est visiblement fabriquée sur mesure pour Michael Burnham... dans la mesure où il apparaît que le tissus même de la réalité est constitué d’une astrophysique de l’émotivité glucosée et obéit à une géométrie du pathos larmoyant.
De quoi expliquer enfin le "super-pouvoir" de Mary-Sue... qui entre en résonance avec la nature intrinsèque de l’univers lui-même... et qu’elle sait exploiter/exhiber ad nauseam comme nul·le autre via un surjeu perpétuel. Face à cela, les exterminateurs industriels n’ont pas la moindre chance.
Et c’est bien normal après tout, puisqu’il s’agit du Burnham-show dans le Burnham-verse. Forever. Avec tout plein de bisous.
Mais ce n’est définitivement plus de la SF. Et encore moins du Star Trek.
C’est en revanche une belle indication de la façon dont l’idéal roddenberrien a été absorbé, digéré, et métabolisé par le "système Kurtzman"... avant d’être finalement déféqué en "Teletubbies dans l’espace".
Et y a pas intérêt que les trekkers s’indignent d’être vraiment pris pour des c***. Sous peine d’être "excommuniés", c’est-à-dire taxés de "rageux-nostalgiques-réacs-has been" incapables d’embrasser le culte de Mary-Sue et son évangile de l’amour galactique.
Par-delà l’habituelle lantern, il est particulièrement symptomatique que le seul personnage un minimum "crédible" – à savoir le "guest" Dr Hirai (astrolinguiste, xénophonologue, et sémioticien de son état) – soit comme par hasard le seul à ne pas vibrer au concert "feel good" positivant obligatoire, ce qui lui vaut l’opprobre d’être immédiatement admonesté et recadré par la présidente Rillak ! Difficile de ne pas y voir un message éloquent indirectement adressé à la vieille garde indésirable, à ces trekkers "old school" d’avant 2009 qui oseraient encore convoquer l’intelligence, la rationalité et la réflexion – c’est à dire le logos et l’ethos – dans un univers désormais exclusivement régi par l’émotion business, les pulsions guimauve, et les bons sentiments formatés (les plus débagoulants si possible).
Soit l’entérinement de la défaite de pensée (comme aurait pu le titrer un célèbre philosophe français). Est-ce pour induire un "grand remplacement" de la sociologie/démographie des fans ?
En explorant toujours plus profondément les degrés d’infinité du zéro (mais pas comme aurait pu le faire Georg Cantor), cette quatrième saison de Discovery est bien partie pour rafler tous les Razzie Awards de l’année (voire de la décennie).
Note Star Trek
Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité