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Tout le monde est là
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Critique

Quelle est la pire chose à faire pour une série qui vient de s’accorder un petit hiatus d’un mois et demi après un cliffhanger sensé donner envie aux téléspectateurs de ne pas manquer le retour de la dite série ? Je vous le donne en mille... celui de diffuser un épisode de remplissage où il ne passe strictement rien de bien folichon. Vous en avez rêvé, Disco vous le livre emballé dans un papier d’hallu...

Déjà que je ne suis pas du tout hypé par cette histoire d’anomalie gravitomachin, tant je suis intimement persuadé que la résolution sera ultra deceptive, je me retrouve sur mon canapé à bailler à me décrocher la mâchoire en regardant Michael et Book se taper une petite séance de poker extraterrestre et Owosekun postuler à Heels la série sur le catch de Starzplay.

Du coup, pour passer le temps, j’ai joué au jeu des questions cons :
1 - Pourquoi nous faire un cliffhanger de dingue sur le départ de Book en décembre pour réunir les 2 tourtereaux de Disco en février au bout de 15 minutes ?
2 - Quel est l’avantage stratégique d’être en uniforme pour Michael et Owosekun dans cette Cantina du pauvre hors Fédération ?
3 - La société protectrice des robots va-t-elle mobiliser ses réseaux sociaux pour dénoncer les sévices de Culber à l’encontre d’un des leurs ?
4 - C’est moi ou Zora est un peu lèche-cul avec Stamets ?
...

Sur la cinquantaine de minutes de l’épisode, on a le droit à 1 minutes et demi sur la vraie thématique de cette saison. Tout ça pour donner une explication capillotractée sur la raison d’être de l’anomalie puis la seconde suivante rajouter encore une couche de mystère. Bref, il reste encore cinq épisodes où les scénaristes vont s’attacher à delayer l’intrigue encore et encore.

Soupirs...

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité

Analyse

En entrainant ses protagonistes dans un casino extraterrestre, Discovery 04x08 All In tente de diversifier l’expérience de visionnage d’un épisode à l’autre… après Discovery 04x07 But To Connect qui se voulait politique.
Malheureusement, les décors ont beau changer, la médiocrité narrative est toujours aussi abyssale… à tel point qu’il faut se demander si c’est l’escale ludique qui constitue un délayage... ou le fil rouge de la saison lui-même !

Il est en outre navrant de constater une fois de plus que, aussitôt sorti d’une Fédération idiocratique sous perfusion burnhamienne, le Kurtzman-verse du #FakeTrek inflige au spectateur son essence mercantile et mafieuse paresseusement décalquée de la galaxie Star Wars. Après Picard 01x05 Stardust City Rag et une troisième saison entière de Discovery barbotant dans la Chaîne d’émeraude (et ses goodfellas du pauvre), Discovery 04x08 All In ne fait qu’enfoncer le clou dans le cercueil de l’IDIC et de la diversité trekkienne. Désormais, ce sont les espèces des quatre quadrants de la Voie Lactée (Ferengis, Orion, Devore, Lurians, métamorphes du Dominion…) qui se voient confinées dans les mêmes lieux triviaux, affligés par l’entropie du manque d’imagination et du géo-impérialisme rampant des showrunners...

Les effets spéciaux ont beau être parfois spectaculaires (en particulier lorsque la navette pénètre dans la gueule du serpent de mer holographique pour dévoiler la barge Karma occultée sur les océans de Porathia), jamais le sentiment de micro-univers de poche n’a été aussi étouffant.
Ainsi, alors que Book s’est enfui avec le plus brillant scientifique de la Fédération du 32ème siècle et un système de propulsion mycologique lui permettant virtuellement de se matérialiser instantanément n’importe où dans l’univers, Burnham le retrouvera en seulement quelques minutes d’épisode !
Le MacGuffin inventé de toute pièce pour les besoins de l’épisode est l’isolynium supposée alimenter l’arme isolytique de Tarka contre la DMA. La quête du précieux minerai conduira comme par "hasard" le fugitif et la limière de Starfleet au même endroit (le casino du "courtier" Haz Mazaro). Ça valait bien la peine de situer l’action dans le cosmos...
Les deux amants, désormais dans des camps activistes opposés, s’affronteront verbalement avant de disputer le précieux cristal au Leonian Poker. Mais anticipant la victoire de Cleveland (ce jeu de carte alien étant bien le premier domaine où Mary-Sue n’a pas l’ascendant par contrat), l’héroïne aura bien sûr réussi à coller un mouchard sur l’isolynium... réduisant les pour le repérer instantanément dans la micro-galaxie. L’espèce génocidaire 10-C a été localisée au voisinage externe de la barrière galactique, et seule le Stilphe – une forme de vie totalement inconnue de la Fédération (mais néanmoins connue de la "sphère magique" de Zora-qui-sait-tout) – pourrait éventuellement fournir des scans stellaires de cette région inconnue de l’espace. Au motif que des Stilphes ont un jour croisé des Orions, il suffit alors que Burnham paye une bonne dose de latinum (et une bague) au broker Haz Mazaro pour que celui-ci lui fournisse en quelques minutes chrono les scans recherchés ! Lorsque les mécanisme de causalité deviennent une blague !
Et bien sûr, outre des voyages plus instantanés encore que dans Stargate, les grands ressorts diégétiques se résument à des interactions et des va-et vient incessants entre de sempiternelles figures de proue supposées résumer la société : Burnham bien sûr, la présidente Rillak, l’amiral Vance, et l’amant Book. Une parodie de SF dans un bac à sable.

Si Tarka a effectivement abusé de la confiance de l’amiral Vance et a volé à la Fédération le prototype de spore drive sur lequel il travaillait, la traque de Booker (avec diffusion d’avis de recherche comme dans un techno-western) ne repose quant à elle sur aucune base légale. Ce dernier n’est pas un citoyen de la Fédération, et le vote du conseil dans Discovery 04x07 But To Connect n’était aucunement engageant envers les non-membres (sans quoi appartenir ou ne pas appartenir à l’UFP reviendrait au même, soit la définition d’un impérialisme ultime). Cleveland étant donc libre de partir et d’acheter de l’isolynium hors des territoires et de la juridiction de la Fédération. Mais par un glissement sémantique manipulatoire, l’épisode tente de le faire passer pour l’ennemi public numéro un (sans retour possible dans le cas où il aura l’impudence de persévérer) au seul motif qu’il tient à riposter contre ceux qui ont "génocidé" sa planète et l’intégralité de ses compatriotes... Et pourtant loin des vengeances que cultivent toutes les productions Kurtzman, Book cherche uniquement à détruire la machine à exterminer, et non à exterminer les exterminateurs...
Du coup, que ce soit par dirigisme, par impérialisme, par lâcheté, ou par naïveté, Starfleet en vient à criminaliser l’ultime survivant d’un génocide en prenant de facto le parti des génocidaires. Lorsque la recherche maladive de paix à n’importe quel prix revient à se comporter en collabo. Il est de surcroît peu vraisemblable qu’il ne se soit pas trouvé une seule puissance dans la galaxie pour suivre le même type de stratégie voire davantage, puisque le vote ne matérialisait aucune autorité "transplanétaire" contraignante. Mais la diversité d’une galaxie entière est sacrifiée ici à une uniformité anthropomorphe (supposée aller de soi) pour laisser la seule charge d’une divergence infamante à un personnage en prise intime avec l’héroïne...
Le comble du ridicule est atteint lorsque Michael vient faire la leçon à Cleveland dans le casino avec un discours d’assistante sociale ! Sérieux ? Il est question d’anéantissement de mondes, mais on y répond par des séances sur le divan du psy autoproclamé Culber, puis maintenant par des ateliers d’intégration et des travaux d’intérêt général !!!
Alors que la solution proposée par Tarka (détruire la DMA) était le complément naturel de la recherche de paix et de premier contact (selon l’issue), Discovery 04x08 All In persiste à les opposer, continuant donc à tisser le contresens aporétique de l’opus précédent, Discovery 04x07 But To Connect. Ainsi, la Fédération se prive de tout moyen de sa politique et de tout plan B, plaçant aveuglément tous ses atouts dans un même acte de foi gratuit en une puissance exterminatrice, et ce dans le but de se gargariser de proclamations impuissantes et illusoirement humanistes tout en diabolisant toute dissidence. Est-ce ainsi qu’Alex Kurtzman a digéré l’idéalisme roddenberrien ? Un niveau de trahison et de mascarade que n’avaient pas même atteint les films Kelvin...
Autant dire que la pseudo-dramaturgie opposant désormais le "devoir" de Michael aux "convictions" de son chéri présente toute la facticité des pires soaps du soir où les enjeux sont exclusivement emblématisés par des querelles entre VIP-only partageant des liens de cœur ou de cul.
Rien d’étonnant alors que le sort de l’univers soit réglé par une partie de cartes, tant l’antagonisme est artificieux, la distribution manichéenne, et l’issue déjà actée. Fausse alternative, faux dilemme moral, fausse profondeur... Même dans ses moments les plus idéalistes et/ou prêcheurs, jamais ST TOS n’avait osé confondre l’idéalisme avec la niaiserie ou l’irresponsabilité, les questionnements moraux avec les dénis de justice ou les dénis de prophylaxie, l’humanisme avec une complaisance nauséabonde envers l’abjection. Mais Discovery n’est pas à son coup d’essai : la boussole (im)morale de ce #FakeTrek s’était déjà vautrée dans les câlins et les mamours avec une giga-Hitler de proportion galactique (i.e. Mirror-Georgiou) durant les seconde et troisième saisons...

Un épisode de Discovery ne serait pas signé de la marque K sans son habituel tombereau d’invraisemblances, d’incohérences, d’inconséquences, d’absurdités, de WTF, de bullshits, et de nawaks en tous genres. Mais faut-il une fois de plus les inventorier dans une interminable liste en bullet points... que Frank a d’ailleurs lui-même entamée dans sa propre critique (ci-dessus) ?
- (...)

Les "stellar surveys" du Stilphe (rapportés par l’héroïne) révèlent que l’espèce 10-C a construit dans son espace extragalactique une structure artificielle de 228 millions de kilomètres de rayon, impénétrable aux scans, et englobant possiblement une étoile (curieusement, nul ne songe à la sphère de Dyson rencontrée dans ST TNG 06x04 Relics...).
S’ensuit une conclusion d’épisode proprement hallucinante. En effet, soudain, Burnham sort de nulle part THE explication devant un public médusé face à pareille omniscience : la DMA n’est pas une arme de destruction massive mais un système de drague ou de collecte des particules de boronites (hautement énergènes) ! Ce qui donne lieu à une scène totalement surréaliste où la ressortissante du 23ème siècle – avec le renfort de son équipage du même millésime – éduque l’élite de la Fédération du 32ème siècle sur une espèce extraterrestre disposant d’une avance technologique présentée comme inimaginable ! Ben voyons ! Faut-il vraiment avaler que Michael connaisse la réponse par pure science infuse, tandis qu’il ne serait venu à l’idée de personne au 32ème siècle d’analyser l’espace traversé par la DMA (siphonné de toute boronite), notamment via l’avalanche massive de données récoltées dans Discovery 04x02 Anomaly puis dans Discovery 04x06 Stormy Weatherarticle ?
Les scénaristes ont-ils oublié la trame de la saison... ou bien tout ce qui n’est pas Mary-Sue sert juste à décorer ? Emportés par leur propre idolâtrie bêlante devant leur super-héroïne, les auteurs ne prennent même plus la peine de préserver une apparence de crédibilité, ni même un semblant de contenance et de dignité.
Et bien sûr, tout personnage de la série (Book et Tarka) qui ose suivre une autre voie que celle prescrite par la dea ex machina n’a strictement aucune chance. Malheur à lui, car il n’existe qu’une seule stratégie, qu’une seule Vérité, qu’une seule Voie.
Des milliards d’humanoïdes se font exterminer par accident, mais l’essentiel est que les intentions soient bonnes et pieuses. Pas grave, suffira juste que super-Burnham apprenne doctement à l’espèce possiblement la plus avancée de l’amas galactique local (mais un peu bêtasse sur les bords) qu’il y a des êtres vivants à la surface des planètes... Idiocratie oblige pour le seul culte perpétuel de Mary-Sue.
Visiblement, Discovery tente de recycler – mais en pire encore si cela est possible – l’arnaque du Burn (cf. sa troisième saison)... que seul l’équipage messianique venu du passé pouvait expliquer et éradiquer.

Comme Discovery 04x07 But To Connect et de nombreux épisodes antérieurs depuis le début de quatrième saison, Discovery 04x08 All In se pique de haute politique et de stratégie, sauf que ses prétentions s’échouent à chaque fois sur l’écueil d’une complète impéritie d’écriture. Le suremploi de la présidente Laira Rillak et de l’amiral Charles Vance vise à propulser Burnham dans les coulisses au sommet du pouvoir, au mépris s’il le faut de toute chaîne hiérarchique et/ou cohérence promotionnelle. Mais ce parti pris n’est jamais totalement assumé afin de préserver les apparences. Quelles apparences d’ailleurs, puisque la messe à Mary-Sue est dite depuis longtemps ?
Il en résulte une permanente schizophrénie entre les ordres officiels que la présidente donne directement à sa capitaine vedette (y compris en privé) et les ordres réels qui ne sont jamais exprimés ouvertement au risque des plus tragiques malentendus dans les moments critiques. Il aura même fallu cette fois l’intervention en loucedé de l’amiral Vance pour expliquer à Michael ce que Rillak attendait d’elle, à savoir exactement le contraire de ce qu’elle lui a officiellement demandé. Merci pour la séance de "décryptage".
En somme, lorsque Burnham reçoit l’ordre formel de ne surtout pas partir à la recherche de Book et Tarka (du fait d’un évident conflit d’intérêt), cela signifie en réalité qu’elle doit les traquer sans pitié et les retrouver en top priorité ! Peut-être que les scénaristes se croient "malins" et "matures" en cultivant ces postures de double langage, peut-être fantasment-ils aussi déjà sur les black ops-pour rire de la Section 31 en version Alias… mais aucun système opérationnel (qu’il soit militaire ou civil) ne pourrait fonctionner sous l’empire d’une pareille ambivalence (ou hypocrisie) au plus haut niveau, a fortiori sur une base systématique comme le fait désormais Discovery.
En réalité, il ne fait aucun doute que l’objectif de ce procédé inédit d’enfumage est d’institutionnaliser la géométrie variable au seul profit de l’archange Michael. Ainsi, quoi qu’elle décide de faire ou de ne pas faire, d’obéir ou de désobéir aux ordres, la société et ses plus hautes instances lui donneront toujours raison. La fin de l’épisode en est une parfaite illustration lorsque l’échec cuisant de Burnham dans la mission qui ne lui a pas été confiée et confiée en même temps se transforme par un simple jeu rhétorique conclusif en triomphe absolu… permettant au chef d’état-major (Vance) de déclarer sa flamme (professionnelle) à Mary-Sue et à la présidente (Rillak) de lui adresser les éloges les plus agenouillées. Soit Le "système culbuto" copyrighté Burnham/Kurtzman dans toute son indécence, avec la triche érigée en système et une issue invariable contractuellement garantie à l’avance.

En définitive, visionner un show aussi abêtissant ne présente pas une once d’intérêt et ne génère pas même de "guilty pleasure". Car les dés sont pipés, le parcours prédéterminé, la dramaturgie contrefaite, les questionnements illusoires, les problématiques sophistiques. Il n’y a ni enjeu, ni incertitude, ni réflexion, ni dialectique, juste du sirop de glucose et un culte forcé. Il suffit de suivre aveuglément et religieusement Mary-Sue, infaillible avec un millénaire d’avance, et altérant à volonté les lois physiques et logiques de l’univers à son profit (une façon "d’expliquer" la masse critique d’incohérences). Elle sait tout, ne se trompe jamais, fait toujours les meilleurs choix possibles... pour emballer, distendre à loisir, et bien sûr résoudre à elle toute seule l’intrigue artificielle et prévisible dans le nombre imparti d’épisodes.
Dans les trois premières saisons, elle désobéissait aux ordres et se mettait le système (faussement utopique) à dos pour mieux asseoir son complexe du martyr. Désormais, la bonne conscience est à ses côtés et la société entière à ses genoux. Mais cela ne change finalement rien au Burnham show dans le Burnham-verse. Car ce n’est pas l’héroïne qui évolue au gré des expériences, c’est le (micro-)univers lui-même qui se conforme toujours davantage à sa déesse prédestinée...


Note Star Trek

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité