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Terra Firma partie 2
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Critique
Par Frank Mikanowski

Trop de miroirs cassent le Miroir. Si j’avais trouvé assez rafraîchissant, la semaine dernière, le fait de se retrouver dans l’Univers Miroir, c’est sans doute que cela ne concernait que la moitié de l’épisode.

Cette semaine, alors que nous assistons aux efforts de Philippa Georgiou pour changer son passé, c’est 95% de l’épisode qui s’y déroule. Pour vous donner une image, c’est comme si cet épisode était l’illustre rejeton des amours d’un Paris-Brest et d’un Kouign amann. Trop de grimaces, trop de tortures, trop de cabotinage, trop de pensées philosophiques larmoyantes, beaucoup trop de tout. Et en plus, il n’y a plus de Kelpien à se mettre sous la dent. Putain, c’est noël ! Que seraient les fêtes sans des rognons de Kelpiens ? Cet épisode m’est littéralement resté sur l’estomac.

Sans être insultant avec les fan-films, sachant que j’ai moi-même participé à certains, il faut bien avouer que le jeu d’acteurs n’est pas en général leur principale qualité. Cette seconde partie de Terra Firma arrive par certains cotés à être pire. Je me suis pincé à plusieurs reprises. La forme m’a donc horriblement déplu.

Mais que dire du fonds ! Aucune surprise à attendre de cet opus, c’était bien le Gardien de l’éternité et, comme l’impératrice a essayé de sauver sa Michael, celui-ci donne le Totem de l’immunité à Georgiou et lui offre un transfert vers sa propre série télé. Sauf que cela ne marche pas, en tout cas sur moi.

Concrètement, pour sauver Michael et accessoirement la version de Saru dans l’univers Miroir, l’impératrice n’a pas de rimmel qui coule pour tout autre protagoniste. Le Gardien l’absout donc de ses crimes, car elle a voulu sauver deux représentants du cast principal de la série, mais oublie qu’elle a fait tuer l’ensemble du cast secondaire. Bref Detmer sentait le pâté, c’était donc normal de la tuer. Débile !

J’ai tellement l’impression que la production et les scénaristes de cette série sont en pilote automatique que j’en reviens de plus en plus à remettre en cause l’existence même du projet de série avec Michelle Yeoh en tête d’affiche. Non pas la volonté de Kurtzman d’avoir une série avec cette excellente actrice, mais le fait qu’il y a vraiment un plan clair dans leur esprit après le passage de Georgiou dans la porte interdimentionnelle. Je pense qu’il fallait l’exfiltrer de la série et plus tard, ils iront tous faire couler un café et commenceront à réfléchir au sujet...

Que dire des 5% restant de cet épisode. Pas grand chose de bien. L’intégration de Book dans l’équipage est précipité et ressemble plus à une scène de sitcom. Comme le "pot de départ" de Georgiou où tout le monde déclare son amour pour une personne qui n’a pas arrêté de leur rappeler leur nullité. Oui, pour cela, l’Impératrice nous manquera.

Alors pourquoi mettre un demi-point à cet épisode ? Et bien pour la présence rafraîchissante de Tig Notaro et son réglisse. La seule bonne raison d’esquisser un sourire cette semaine.

Et c’est d’autant plus difficile d’être optimiste pour Discovery quand, en même temps, on découvre le final du Mandalorian. En gros, deux franchises emblématiques et une qui, malgré des déconvenues au cinéma, est sur les rails de la réussite alors que l’autre s’enferme dans la médiocrité. L’une respecte à la lettre l’ADN de la création de George Lucas alors que l’autre piétine plus que de raison l’héritage de Gene Roddenbery.

Bon courage Yves pour ton analyse détaillée hebdomadaire !
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Yves ?
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Yves ?
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Oh bondiou, vite, il faut appeler le SAMU pendant que je le met en PLS !
Un caillot kurtzmanien a dû boucher une artère de son cerveau.

Va-t-il réussir à écrire sa critique. Yves ! Réponds-moi !!!

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité

Analyse
Par Yves Raducka

Merci de cette inquiétude, Frank. Mais la tragédie ne sera pas encore pour cette fois...

Car, contre toute attente, l’analyse détaillée n’est frappée ni d’un "caillot kurtzmanien" ni d’un "choc discophylactique". C’est simplement qu’elle a en partie perdu sa raison d’être !

Discovery 03x10 Terra Prime, Part 2 ne présente strictement aucune surprise, il est même d’une prévisibilité ennuyeuse pour qui a déjà encaissé et digéré Discovery 03x09 Terra Prime, Part 1.
Or comme certains lecteurs l’ont relevé dans leurs commentaires, cette seconde partie fut tellement exhaustivement anticipée par la critique détaillée de la première partie qu’il n’est pas forcément nécessaire aujourd’hui de réitérer l’exercice. Le plus économique serait de se reporter simplement à l’analyse précédente… dont toutes les conjectures proposées – et dénoncées – se sont révélées malheureusement exactes.

La seule "surprise" (en quelque sorte) provient du générique cette fois au ton bleu (et non plus jaune) pour entériner l’univers miroir, selon le principe de Fringe du même showrunner, à savoir des codes couleurs différents selon l’univers parallèles dans lequel prend place l’histoire. Mais ce procédé fut plagié sur la série Charlie Jade, et il demeure loin de l’audace du diptyque ST ENT 04x18+04x19 In A Mirror, Darkly qui avait entièrement recrée son générique pour l’occasion.

Carl est donc bien le fantasmatique Guardian of Forever du plus aimé des épisodes de la série originale. Hélas, passé la saisissante scène où il tombe les masques et où sa forme humaine interprétée par Paul Guilfoyle synchronise sa voie sur celle de Bart La Rue tandis que se reconstitue en quelques secondes (façon Sabah Nur) le portail de ST TOS 01x28 The City On The Edge Of Forever et ST TAS 01x02 Yesteryear, la définition et le rôle que tente de conférer l’épisode n’est qu’une collection de contresens et de trahisons.
Au 23ème siècle de la série originale, relevant des paradigmes de la SF, le Gardien de l’éternité était un système artificiel créé, dont la fonction consistait à laisser voyager le temps et l’espace du Prime Universe au travers d’un portail spatiotemporel. Celui-ci disposait d’un seul mode de fonctionnement (impliquant un défilement temporel à vitesse fixe rendant les voyages approximatifs) et son IA ne délivrait aucune forme de jugement moral (les siècles d’Histoire de l’UFP furent balayées par un seul voyage accidentel du Dr McCoy).
Mais au 32ème siècle de Discovery, relevant des paradigmes de la fantasy, le Gardien de l’éternité est une déité incréée, omnisciente et omnipotente, connaissant tel Dieu les cœurs et les âmes de toute créature dans l’univers, délivrant des jugements moraux, arbitrant les jugements derniers, passeur entre les mondes, faisant également office "d’agence de placement", permettant de voyager avec une précision chirurgicale dans le temps et l’espace, mais désormais aussi dans les multivers et possiblement des réalités virtuelles fabriquées sur mesure. En somme une divinité du temps personnifié, tel Chronos... mais qui, contrairement à toutes les puissantes entités rencontrées dans ST TOS-TNG-DS9-VOY, ne sera pas démystifiée par DIS.
Évolution du Gardien en 900 ans ? Pourquoi pas. Mais changement complet de paradigme, au point de sortir du champ même de la SF ? En aucun cas !
Et comme si cela ne suffisait pas, on voudrait faire accroire que les Guerres temporelles de ST ENT l’auraient obligé à "prendre le maquis" et devenir un fugitif, d’où sa présence secrète sur Dannus V ! Cela n’a pourtant aucun sens puisque la TCW (Temporal Cold War) était la résultante systémique de la normalisation voire la banalisation des technologies temporelles, les différentes factions impliquées surclassant par leur propres moyens ce que le Gardien originel proposait. Rien que l’agent spatio-temporel Daniels disposait d’une multitude de portails technologiquement plus sophistiqués et pourtant fabriqués par la Fédération du 31ème siècle. Ce n’est en réalité que longtemps avant les Guerres temporelles, quand cette technologie était encore embryonnaire (par exemple à l’ère de Kirk), que des voyages stratégiques à travers le portail auraient fait sens. Mais en aucun cas à l’époque de la TCW face à laquelle l’approximatif Guardian of Forever originel ne pouvait constituer une contremesure viable, même pour d’hypothétiques civilisations qui auraient inconsidérément prétendu "jouer" sur ce terrain spatiotemporel sans en avoir par elles-mêmes les moyens (une aporie de toute façon). Quelle confusion de domaines et embrouille de causalités...
Pire, les auteurs tentent désormais d’affubler le Gardien de préoccupations éthiques à l’encontre de la TCW, alors que l’irresponsabilité (ou l’indifférence) était dans son ADN. En effet, depuis qu’il existe, il laisse au premier venu la possibilité de modifier la timeline et entrainer ainsi dans le néant de l’inexistence des civilisations entières. Et voilà qu’il s’indigne soudain des Guerres temporelles ?! Il n’y a pourtant aucune différence de nature. C’est à la fois l’hôpital qui se moque de la charité et l’inconséquence dénoncée par Bossuet (« (...) ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes »).
Le Guardian of Forever de DIS réussit donc la performance d’être incompatible à la fois avec ST TOS et avec ST ENT !
En outre, pas plus que les showrunners de Discovery n’ont vraiment compris les implications de la TCW de ST Enterprise, ils ne mesurent pas davantage les réelles implications d’un Gardien de l’éternité qui, par sa nature même, aurait connaissance du futur, tout en ayant – cette fois selon les postulats révisionnistes de cet épisode – le libre arbitre et les moyens d’impacter de lui-même sur ce qui advient...
Enfin, en admettant le retcon consistant à métamorphoser le Guardian of Forever en divinité animiste ou panthéiste de fantasy, comment se fait-il qu’il continue à se cacher dans la Voie Lactée plus d’un siècle après la fin des Guerres temporelles alors qu’il est pourtant supposé omniscient ? La dérive fantasy n’empêchait de toute façon pas un traitement trekkien de la question avec un nouveau premier contact officiel entre le Gardien de l’éternité et la Fédération post-Guerres temporelles pour offrir un "moment SF" à la série. Mais absolument rien de tel n’effleure l’esprit ni de Burnham, ni de Saru, ni de Vance, tous obnubilés qu’ils sont par le sort de Mirror-Georgiou. La SF est bien lettre morte et il n’y en a que pour le soap, de mauvais goût s’il le faut.
Accessoirement, on ne saura pas si l’ex-impératrice est vraiment allée dans le MU ou dans une simulation de test. Mais la première hypothèse – largement privilégiée par l’épisode – ne ferait que confirmer le degré d’irresponsabilité du Gardien Carl dans la mesure où cela signifierait que pour tester les éventuelles évolutions morales d’une criminelle, il n’aurait pas hésité à totalement éventrer une timeline quand bien même miroir (moyennant bien des morts supplémentaires), ayant elle-même une répercussion sur le hic et nunc – les massacres perpétrés par Mirror-Burnham et Mirror-Georgiou compromettant toute l’intrusion et l’issue du voyage dans le MU des protagonistes de DIS durant la saison 1.
En outre, quand bien même au moyen de 100 000 ans d’archives et des bases de données de l’UFP du 32ème siècle, il est fort peu vraisemblable que Zora (l’IA de la Sphere sentient) ait réussi à localiser aussi précisément dans la vaste Voie Lactée le lieu d’exil du Gardien, puisque celui-ci était tout simplement inconnu (i.e. non consigné où que ce soit).
Somme toute, c’est une énième dea ex machina (Zora) qui fait la courte échelle à un nouveau deus ex machina (Carl) dans un univers gouverné par les seuls agendas économiques des auteurs.
Bref, une pierre emmaillotée de contradictions… afin de brandir un fan service putassier… uniquement pour ménager le débarquement "magique" (i.e. sans explication in-universe crédibles au sens de la SF) de Mirror-Georgiou en direction des plateaux de tournage de Section 31.

Nous retrouvons au début de l’épisode l’impératrice terran exactement là où nous l’avions laissée à la fin de l’épisode précédent… dans le cadre de son "parcours initiatique" de "rédemption" dans le (faux ?) Mirror Universe.
Se piquant de sagesse de crocodile, elle infligera aux spectateurs d’interminables confessions sirupeuses sur le compte de sa fille adoptive… en lui imposant d’interminables tortures dans les Agony Booths le jour… et des séances de mamours maternels la nuit, avec un air extatique, une voix tendre et doucereuse, en exhibant une guimauve infantile sur fond de musique violoneuse, en totale rupture envers les rapports de force de l’univers miroir.
Une combinaison malsaine qui privera cette incursion dans l’univers miroir de sa seule vertu "rédimante" : l’absence de pathos. Désormais et pour la toute première fois, l’épisode réussit à combiner la cruauté cartoonesque du MU (Mirror Universe) avec le mélo lacrymal du PU (Prime Universe) ! Le pire des deux mondes quoi.
Mais que serait Discovery si l’épisode ne contredisait pas directement le précédent ? La semaine dernière, c’était à l’âge adulte que l’impératrice avait sauvé et recueilli Burnham. Cette semaine, elle l’a élevée depuis sa plus tendre enfance, ajoutant à l’incohérence une rupture de symétrie dans le Miroir.
Mirror-Tilly, alias Killy, est mise en avant ici avec la même incontinence que dans Prime Universe lors de sa turbo-promotion en XO, puisque l’impératrice la présente comme "l’interrogatrice la plus redoutée du quadrant" !!! Sauf que de facto, son "expertise" se limitera à appuyer sur les boutons des Agony Booths en exhibant des grimaces vulgaires. Rarement un épisode de Discovery n’a autant ressemblé à une fan-production, et encore une des plus mauvaises, avec des gamines interprétant extrêmement mal leur rôle. Qu’il s’agisse de Sonequa Martin-Green et Mary Wiseman, leur surjeu en méchantes de foire fait juste pitié.

Toujours est-il que cette maltraitance manipulatoire caricaturant The Manchurian Candidate porte apparemment ses fruits. Comme si la série cherchait à donner symboliquement raison à ce type de parent abusif ! Lorsqu’au terme de ce "reconditionnement", l’impératrice arrache l’allégeance de sa fille, c’est au prix de la dénonciation et du massacre de tous ses complices. Mirror-Georgiou poussera donc Mirror-Burnham à perpétrer une véritable hécatombe à bord de l’ISS Discovery, comme Mirror-Landry abattue dans une coursive, et qui culminera par l’assassinat à froid et plus-que-crapuleux de Mirror-Detmers, à qui Mirror-Mary-Sue devait pourtant d’avoir retrouvé sa place au côté de l’impératrice. Paroxystiquement abject.
Et si d’un côté, l’impératrice mettra un terme à l’abatage des Kelpiens pour se prendre Mirror-Saru (quoique dépourvu de nom dans le MU) comme animal domestique, allant jusqu’à lui faire "l’honneur" de lui révéler l’innocuité du Vahar’ai pour le garder à son service... elle s’emploiera en parallèle à anéantir la Coalition encore plus rapidement que dans la saison 1.
Mais si cette dernière est probablement ce qui se rapproche le plus du MU de l’UFP, il est absurde de la présenter comme une démocratie qui ne demanderait qu’à succomber aux manœuvres de l’impératrice. Car les démocraties n’émergent pas dans la clandestinité du plus cruel des empires galactiques. Une erreur que n’avait justement pas commise le ST historique car lorsque l’Empire terran a commencé à se "démocratiser" progressivement (suite aux réformes de Spock), les anciens rebelles et les rivaux l’ont renversé pour bâtir une société tout aussi cruelle et anti-démocratique, n’ayant jamais rien connu d’autre, mais en inversant les rapports de sujétion (les humains devenant alors les esclaves).
En outre, si face à l’empire, il n’y a que des démocraties réputées fragiles, cela contredirait ce que l’épisode précédent avait établi, à savoir que l’empire était débordé par les rebellions… justifiant la violence et la force dont se réclamait Michael par opposition à l’impératrice jugée faible… alors que c’était le contraire dans l’arc miroir de la première saison.
Car il faut absolument rappeler que les conspirateurs voulaient initialement se débarrasser d’une impératrice jugée excessivement cruelle (ce qui donne une idée de l’infini selon les "normes terrannes"...), Mirror-Lorca représentant plutôt un moindre mal (du moins par rapport à l’invraisemblable "manman de substitution" que s’est trouvée Mary-Sue), ce dernier ayant même réussi à se faire passer sans difficulté pour un officier de Starfleet durant des mois (ce dont pas un seul autre ressortissant de l’univers miroir – pas même Mirror-Kirk – ne fut capable). Sa relative "compatibilité" avec l’UFP (aucun assassinat gratuit dans son cas) faisait donc bien du révolutionnaire Mirror-Lorca le "moins pire" des Terrans (peut-être même une préfiguration de Mirror-Spock) lorsque l’impératrice était bien la pire de toute. Mais le "négationnisme" au service du prochain spin off est repassé par-là (cf. analyse du premier volet)... même s’il ne saurait effacer toute trace... par exemple lorsque Mirror-Michael assène à Mirror-Philippa que c’est cette dernière qui a fait d’elle l’être cruel et incurable qu’elle est (tiens donc...).
Par ailleurs, l’épisode (le Gardien lui-même) essaie de suggérer que l’anéantissement de toute rébellion (Mirror-Lorca compris) est une façon de s’approcher du "bien" (ou du moins de la rédemption), comme si la paix (ou l’irénisme) à tout prix, par exemple imposée par la plus criminelle des sociétés, valait mieux que la lutte perpétuelle pour la renverser !!!

Autant dire que l’impératrice aura beau de targuer dans presque scène d’avoir profondément changé grâce à son séjour dans le Prime Universe, ses procédés de facto inchangés, mais désormais habillés de bonne conscience, n’en sont que plus pervers. Mirror-Hitler est devenue la reine des Atrides, quel "progrès" en effet dans la "thérapie" !
Car pour l’amour d’une seule personne (Mirror-Mary-Sue), et sa pitié pour une autre (Mirror-Saru), Mirror-Georgiou était prête à massacrer tout le monde et embraser l’univers. Une pseudo-charité sélective qui dissimule juste de l’intéressement, de l’opportunisme et du narcissisme, aux antipodes donc de toute rédemption et même évolution. Et c’est pourtant ça, Mesdames et Messieurs, qui vaudra à l’ex-impératrice terrane d’être considérée par le Guardian of Forever comme pleinement rédimée et lavée de ses péchés ! Lui permettant alors d’accéder, non pas à un plan supérieur de conscience, mais à une période (quoique non encore révélée on screen) où le Prime Universe était encore "aligné" (sic) avec le Miroir et où elle ne sera plus sujette à la pathologie tropique et localiste inventée de toutes pièces par Discovery.
Mais si l’impératrice comparaîtra mortifiée devant le Tout Puissant Gardien de l’éternité, ce n’est pas pour avoir copieusement massacré du gueux, c’est seulement pour avoir dû tuer – telle une malédiction qui se répète – en combat singulier et en légitime défense sa princesse de "fille". Car oui, Mirror-Mary-Sue jouait double jeu, il y avait un twist dans le twist – univers miroir et showrunners d’Alias obligent.
Les codes de la fantasy se sont donc bien invités sur le terrain de la rétribution, un paradigme bac-à-sable où il suffit qu’un criminel contre l’humanité épargne sa progéniture pour être instantanément pardonné et purgé de la masse critique de ses crimes... à l’instar de Darth Vader redevenu Anakin Skywalker pour s’être sacrifié au profit de son fils Luke à la fin de Star Wars : Episode VI - Return Of The Jedi. Un pur dévoiement du proverbe de la Mishna (« celui qui sauve une vie sauve l’humanité tout entière ») dont l’objectif était de valoriser l’altruisme à l’échelle de chaque vie, en aucun cas de racheter des génocides par le sauvetage d’un(e) proche. Ce que la plupart des criminels feront d’eux-mêmes de toute façon, sans être moins criminels pour autant (chaque individu ayant des proches et des favoris).
Prétendre se racheter en sauvant (ou en tentant de sauver) ceux que l’on aime, ce n’est qu’une démonstration d’égoïsme et d’iniquité de plus, à l’instar de l’aristocratie, du népotisme, du favoritisme qui se construisent au seul profit des membres de son clan, de son rang, de son sang, de sa classe… et au mépris de tous les autres qui trinquent.
Mirror-Georgiou, à l’instar du Kurtzverse lui-même, est gouvernée par une seule loi : l’univers entier doit être sacrifié à quelques VIP, le reste n’est que chair à canon, valeur mobilière, et décors. Pourtant, après quelques années sous la lumière de l’Archange Michael, l’impératrice aurait pu initier les réformes qu’entreprit Mirror-Spock à peine dix ans après. Mais non, pardi ! Car nous sommes ici dans Discovery et non dans Star Trek. Les showrunners se moquent bien de la géopolitique, de la sociologie, de causalité. Ils ne sont que dans la posture, réservant l’honneur des interactions et des égards au seul "club VIP" (les autres pouvant tous crever).
Dans l’univers miroir comme dans l’univers prime, par-delà tous les beaux gages de bienpensance, Discovery n’est rien d’autre qu’une chronique de la domination.

Au passage, voilà qui entérine la théorie de Kovich sur "l’éloignement" entre le PU et le MU... mais invalide du coup toute tentative d’analogie entre le PU et Kelvin puisqu’à aucun moment "alignés" faut d’être énantiomorphes – la pathologie de Yor venant donc directement contredire les cas de Nero... et de l’ensemble des voyageurs temporels exposés à des altérations de timeline dans le ST historique.
Bien entendu, le concept "d’alignement" reste en soi aussi nébuleux que celui "d’éloignement", et s’il était entendu littéralement, cela impliquerait que Mirror-Georgiou doive être envoyée dans le Prime Universe à une époque antérieure à celle de la série Enterprise, antérieure même au First Contact !
Dans tous les cas, un déplacement dans le passé avec la préservation intacte de tous ses souvenirs constitue un viol de la Temporal Prime Directive et a fortiori du Temporal Accord revu et corrigé par DIS. Car avec sa connaissance du futur, elle pourrait faire des ravages. Mais visiblement chez Kurtzman, sauver et agrééer Mirror-Hitler l’emporte même sur le destin de l’univers entier !

En dépit de sa longue extension dans le "miroir-de-tous-les-excès", la vocation de cet épisode est d’être le sanglot long des violons d’adieu à Mirror-Georgiou… propulsée à travers un portail transdimensionnel magique vers le prochain spin-off dont elle est la vedette.
Les déclamations larmoyantes de Mary-Sue s’enchaînent sans retenue et sans complexe : « vous êtes ma Philippa » ; « je ne trouverai personne comme vous », « vous avez toujours été bien meilleure que vous l’imaginez » ; « elle comptait plus pour moi que je ne saurais le dire » ; « elle disait la vérité » ; « c’était le miroir dont j’avais besoin sans le savoir » ; « presque comme une mère » ; « presque comme une sœur » ; « mais plus que tout, elle était mon amie » ; « elle était le plus inattendu des cadeaux » ; « elle me manquera à crever »… Et sur une "grande musique" pontifiante destinée à faire chialer, un salut vulcain vient célébrer les "hauts faits" de "gloire" de l’impératrice terran...
Mais ce concert surréaliste de grandiloquence ne s’arrête pas là ! Cela dure, et dure encore...
Après Burnham, au tour de l’amiral Vance à présenter ses condoléances, sortant même que "l’absence de l’impératrice sera cruellement ressentie" ! Puis Saru, Culber, Tilly, Detmer, Reno, bref tout l’équipage de l’USS Discovery passent à la casserole de l’hommage grandiloquent et des verres levés les larmes aux yeux, où chacun se concurrence dans une surenchère d’éloges…
Les quinze dernières minutes sont ni plus ni moins une hagiographie d’une Mirror-Philippa retconée-à-l’attention-des-amnésiques où le plus indigne des révisionnismes tente de réécrire la biographie et l’héritage de la plus génocidaires des criminelles des multivers, faisant d’elles une bad ass attachante, pourvoyeuse de vérité, et dont les "lumières trekkiennes" auraient tant besoin !!!
Faites maintenant l’exercice mental de vous imaginer que toute cette "liturgie" s’applique en fait à un Super-Hitler au féminin et de portée galactique, et vous serez en dessous de la vérité. Mais vous éprouverez et mesurerez aussitôt l’indécence que cultivent les productions de Secret Hideout...
Exercice pratique : remplaçons donc Mirror-Georgiou par Hitler (une litote), et voici ce que devient le script de l’épisode (simple échantillon) : « Hitler a redonné un sens à l’expression "badass". Il avait la meilleure démarche de tous les temps, avec son manteau et des bottes. Hitler n’avait aucun tact, et j’adorais vraiment ça. »
Éloquent non ? Décidément, les macchabées volent vraiment bas dans Discovery…

Pour prétendre embobiner aussi grossièrement le spectateur... suffit-il de ouate lacrymale et de guimauve melliflu enrobant un pandémonium telle une friandise ?
Suffit-il d’une hallucination (et une mythification) collective à travers le regard enamouré de Mary-Sue perpétuellement en quête de mère(s) ?
Suffit-il de convoquer l’icônisme du Gardien de l’éternité et la voix hiératique de Bart La Rue exhumée du plus mythique des épisodes de la série originale (ST TOS 01x28 The City On The Edge Of Forever) ?
Suffit-il de faire jouer au formidable Paul Guilfoyle le pseudo-Time Lord du Kurtzverse ?
Suffit-il de dépraver à la "mode fantasy" la célèbre maxime du Talmud (Mishna, Sanhédrin 4:5) ?
Suffit-il de partager un repas et quelques confidences avec Hitler pour le rendre soudain "sympa" et fréquentable ?
Est-ce cela le « Star Trek 3.0 » copyrighté by Kurtzman ?
Le bréviaire du woke serait-il à ce point hypocrite pour accoucher de "fachos génocidaires" à géométrie variable (quoique toujours vêtus de noir)... qu’il faudrait cesser de maudire dès lors qu’ils servent les desseins mercantiles des pendards d’Hollywood ? Est-ce vraiment ça le catéchisme faux cul des SJW comme Michelle Paradise ?

Le point Godwin, ce n’est pas le spectateur qui le convoque. Ce sont les showrunners et les auteurs qui l’infligent non-stop, épisode après épisode. Et ils se sont mis à quatre (Kalinda Vazquez, Bo Yeon Kim, Erika Lippoldt, et Alan B. McElroy) pour composer cette cacophonie nauséabonde de fausses notes.
Et c’est d’autant plus affligeant que les dialogues ne sont pas en eux-mêmes forcément mal écrits. Il y a d’authentiques belles répliques, parfois un sens de la formule. Mais dévoyés, mal adressés, mal employés, galvaudés. Comme de dédier le plus beau poème, le plus beau chant d’amour, le plus beau panégyrique (dont les auteurs kurtzmaniens auraient été capables) au pire criminel de masse de l’Histoire. Illustrant à quel point Discovery est à côté de la plaque jusqu’à l’ubuesque, à quel point cette série gâche consciencieusement le talent de ses contributeurs, à quel point elle tire tout le monde vers le bas, à l’image d’Anne Cofell Saunders ayant signé l’un des sommets de BSG 2003 et alimentant désormais un navet de série Z.
Le diptyque DIS 03x09+03x10 Terra Firma est au fond le litmus de Disco et des productions Kurtzman, soit un monument dédié aux inconséquences narratives (la perpétuelle pyramide de Ponzi), aux promesses non tenues (tant de prétentions et si peu de résultats), aux rideaux de fumée (la prestidigitation des con artists, aux alibis des "lanterns" (un passeport d’impunité), aux idéologies odieuses et nauséabondes (mais qui se parent de pinkwashing tendance), à l’exploitation cynique d’un héritage sans égal (pour du name-dropping et des Easter eggs à gogo, au mésemploi contreproductif d’acteurs et même d’auteurs pourtant non dépourvus de potentiel (même les meilleurs deviennent médiocres), à la primauté du seul externalisme commercial et people pour un internalisme bancal et toujours à la remorque (on vend d’abord les nouvelles séries autour de vedettes banquables, puis on torche à la va-vite une histoire-prétexte autour).
En somme, l’Anti-Midas Effect, tristement connu à Hollywood.

Et le grand jeu fléché inter-galactique sur les traces du MacGuffin ?
Bah, OSEF ! Ce sera pour le prochain numéro. Ici, le Burn est juste un trigger pour une séquence sitcom entre Adira, Stamets, Reno et... Cleveland Booker... qui après avoir potassé le manuel de Starfleet (sur les conseils de Saru), s’invite à l’ingénierie, et résout "fingers in the nose" le problème sur lequel calent tous les pros. Book s’improvise donc à son tour deus ex machina... en sortant de sa poche un gadget miraculeux de la Chaîne d’émeraude... permettant aussi sec d’établir un contact bidirectionnel avec le KSF Khi’eth (le vaisseau Kelpien disparu il y a 125 ans dans la nébuleuse Verudin et potentiellement à l’origine de Burn).
Faut-il croire que l’ensemble de Fedefleet de 32ème siècle, y compris la génialissime Adira, ignore certaines des technologies "game changers" dont dispose la mafia locale ? Surtout si les amplificateurs subspatiaux existaient déjà au 24ème siècle ?

Avec ce 32ème siècle vierge de toute exploration et une Fédération morte-vivante, les showrunners avaient un boulevard de créativité devant eux. Mais ils n’ont cessé de recycler – qui plus est d’une façon cuistre ou inculte – le matériau trekkien existant, de s’empêtrer dans le peu de continuité qu’ils étaient tenus de respecter, de faire injure à toute vraisemblance SF & scientifique, et d’y transposer ce que le contemporain engendre de plus trivial et de plus éphémère.
Cela fait furieusement penser à Kelvin dont l’univers parallèle offrait l’opportunité de s’affranchir de quarante ans de continuité et de contrainte. Mais Kurtzman & co ont d’abord prédestiné Kirk à devenir un héros dans tous les multivers, puis ils ont tout bêtement refait Khan vs. Kirk...
Eh bien, ce n’est pas mieux onze ans après ! C’est même pire. La rédemption strictement nombriliste, la glorification infamante, et les adieux 100% "fake" de Mirror-Hitler-en-bottes-de-cuir en sont l’acmé.
Démoralisant mais totalement logique. Car les poules ne deviennent pas des cygnes.

Deux épisodes pour se débarrasser d’un personnage qui n’a objectivement rien apporté durant trois saisons (hormis une poignée de scènes kung fu triviales et un univers miroir totalement saboté), faut-il que la série n’ait finalement rien à dire pour recourir à un pareil remplissage ou à une telle diversion ?!
Ce qui n’a rien d’étonnant lorsque son principal cahier des charges consiste à promouvoir des femmes issues de minorités (et des personnages non-cisgenres) en leur donnant un maximum de pouvoir dans l’univers de la série. Les autres considérations ne viennent qu’après... et restent de toute façon superfétatoires. Dès lors, les showrunners se moquent bien de construire de vrais caractères, de les doter de psychologies crédibles, de les intégrer à un background, d’apporter du sens, et de consolider un quelconque worldbuilding.
Or construire une série avec pour seule ambition de cocher toutes les cases d’une check list politiquement correcte, cela revient à ne rien construire du tout. Dès lors, l’intra-diégèse n’est qu’un château de cartes, et les personnages n’existent pas davantage que les ectoplasmes d’une pub, d’une vitrine, ou d’un spot électoral.

Il est toujours possible de tomber plus bas » dira Mirror-Burnham dans l’épisode. En effet, cette réplique est surtout un lapsus qui pourrait constituer l’épitaphe des productions Secret Hideout.

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