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Terra Firma partie 1
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Critique
Par Frank Mikanowski

Si je pestais la semaine dernière sur la lenteur de la résolution du mystère entourant la situation de Philippa Georgiou, avec cette première partie de Terra Firma, nous voici enfin au cœur du sujet.

Que la solution passe par un retour dans l’Univers Miroir n’est pas en soit une grande surprise. Les visions et le statut particulier de l’ex-impératrice étaient en effet des indices concordants. Et c’est avec un petit clin d’œil au Kelvin Universe que David "Kovich" Cronenberg explique que les sauts dans le temps accompagnés de changements d’univers alternatif sont la cause de tous ses maux. Pas très originale cette explication, mais pourquoi pas...

Plus space est le remède. Que l’ordinateur "sphère" sorte de son chapeau LA planète, Dannus V, où Georgiou peut être soignée est assez capillotracté. Que Fedfleet, malgré les remarques sensés de Saru, accepte que le Discovery parte pour cette mission alors que cela gronde du coté de la Chaîne d’émeraude est également particulièrement étrange. Tout dans cet univers se met décidemment toujours au service des désidératas de Michael.

Et tout d’un coup, l’intrigue part en live. Comme si CBS avait conclu un partenariat avec la BBC, Discovery nous fait un clin d’œil très très très appuyé à Doctor Who. Humour anglais et une porte mystérieuse. J’ai bien cru un instant que Georgiou allait se retrouver dans un Tardis à lutter contre des Daleks. Entendre l’ex-impératrice hurler EXTERMINATE, cela aurait eu de la gueule... non ?

Bon, ce n’est, bien évidemment, pas ce qui est montré. Pour l’instant, ils semblerait que deux théories s’affrontent sur l’identité de Carl. Au choix, il pourrait être un Q ou un Gardien de l’Éternité. Question pouvoir, le premier peut sans aucun soucis faire ce qu’il veut. Pour le second, il faut une porte. Si celle ci ne ressemble pas à celle vu dans la Série Originale, ca ne veut pas dire qu’elle ne peut pas faire le même office. Réponse la semaine prochaine si c’est l’un, l’autre ou une réponse originale. Comment ça, Originalité et Kurtzmanverse ca fait deux !!!!!

Sur la moitié de l’épisode se passant dans l’univers miroir, alors oui, c’est totalement surjoué, mais c’est aussi totalement fun. Reflection au passage sur Mary Wiseman que certains confondent trop facilement avec son personnage Tilly. Quand on lui donne autre chose à jouer qu’une inadapté émotionnelle, l’actrice prouve qu’elle est bonne interprète. Le soir, je la croise avec son regard et son sourire carnassier, perso, je change de trottoir !

Sur la fonction même de ce retour au moment même où Georgiou est sensée assassiner sa fille Michael, le but semble très clair. Si Michelle Yeoh doit vraiment avoir sa propre série, il est totalement indispensable de faire enfin évoluer son personnage. Et pour cela, il faut qu’elle montre enfin une certaine empathie envers les autres. Terra Firma est donc pour moi juste un examen de passage où Philippa doit valider ses acquis, après des mois passés en compagnie de l’équipage du Discovery. Et pour cela, comme c’est écrit dans le journal de Carl, elle doit mourir dans l’univers Miroir pour appartenir pleinement à son univers d’adoption. CQFD...

Pas d’avis tranché pour l’instant sur le message lié au brasier. J’espère juste qu’il n’a pas été déclenché par les Kelpiens, je pense que Saru ne pourrait pas supporter cette révélation.

Bien meilleur que la semaine précédente, Terra Firma partie 1 redresse la barre mais pas assez à mon goût. Une petite visite surprise la semaine prochaine d’un certain Lorca pourrait être assez excitante. Je croise les doigts...

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité

Analyse
Par Yves Raducka

Le diptyque DIS 03x09+03x10 Terra Firma avait fait l’objet de nombreuses spéculations à travers le web, ainsi que de mises en gardes provenant de ceux qui en avaient eu un sneak peek, tel Robert Meyer Burnett (dans un tweet il y a un mois).

Mais finalement, sa première partie se borne à enfoncer quelques clous de plus dans le cercueil trekkien tout en confirmant que Discovery est décidément incapable d’être cohérente envers elle-même d’une saison à l’autre, d’un épisode à l’autre.

Le jeu de piste intergalactique déployé autour de la recherche de l’origine du Burn se poursuit, mais il est ici réduit à sa plus simple expression, à dire vrai la formalité d’une histoire C pas même B.
Récapitulons : dans DIS 03x08 The Sanctuary, la combinaison des données des trois boîtes noires recueillies par Burnham et du SB-19 fournies par T’Rina à la fin de DIS 03x07 Unification III aura permis à Tilly d’identifier quasi-instantanément le point d’origine du Burn, à savoir la Verudin Nebula. Et c’est de là qu’émanait la mystérieuse "musique de sphères". Analogiquement au phénomène rencontré dans ST ENT 01x15 Sleeping Dogs, celle-ci résulte de la combinaison entre l’onde radio JAG 380725A de 5,76 KHz émise par une étoile à neutron voisine et un signal de détresse d’un vaisseau de l’UFP lové au sein de la nébuleuse. Ledit signal de détresse semble contenir un message codé, que l’indispensable et génial(e) Adira fut immédiatement chargée de décrypter au moyen d’un algorithme de sa composition.
Comment expliquer que des ondes EM transmises dans l’espace dans la gamme spectrale des KHz aient pu directement se matérialiser dans l’esprit de tous les peuples de la galaxie post-Burn sous forme de musique ? Ces ondes émanant de la Verudin Nebula ne sont ni télépathiques ni sonores, la mélodie n’étant perceptible qu’après réception et conversion radiophonique.
Dans DIS 03x09 Terra Firma Part 1, l’algorithme d’Adora s’avère bloqué, elle a lancé dix diagnostics, mais Stamets lui fait remarquer qu’elle n’a pas même songé à réinitialiser une fois, ce qui jure un peu envers sa typo pseudo-géniale sachant que c’est le b.a.ba de l’informatique même contemporaine. Après le reboot du système, le code est décrypté en quelques secondes et il apparaît que le message de détresse – qui tourne en boucle depuis un siècle – émane de la Kelpienne Dr Issa à bord d’un vaisseau de l’UFP le KSF Khi’eth, chargé de prospecter un gisement de dilithium dans la nébuleuse, s’étant crashé (son visage révèle des brulures par radiation), et dont les naufragés attendaient d’être secourus depuis quatre mois par le capitaine Robert Weems de l’USS Hiraga Gennai (à deux semaines en distorsion maximale). Saru contemple alors tellement sa propre émotion d’entendre et de voir une de ses compatriotes du futur qu’il ne s’étonne guère de la chronologie contradictoire proposée par ses subordonnés : le crash de Khi’eth serait antérieur de quelques années au Burn, mais le message aurait donc dû commencer à être émis à peu près au moment du Brasier, sauf qu’il est dit dans l’épisode qu’il a été émis il y a un siècle, donc plus de vingt ans après le Burn ! Allez comprendre…
À la fin de l’épisode précédent, la configuration d’un vaisseau radiant au sein d’une nébuleuse convoquait toute la poésie d’épisodes comme ST TNG 04x17 Night Terrors ou encore ST TNG 05x18 Cause And Effect voire ST ENT 04x18+04x19 In A Mirror Darkly (avec l’USS Defiant de ST TOS 03x09 The Tholian Web) avec de possibles causalités temporelles ou multiverselles (étant donné le timefame de plus d’un siècle).
Mais au bout du compte, le dénouement partiel s’avère aussi décevant que prosaïque : un équipage non secouru par Starfleet, piégé au voisinage d’une réserve de dilithium, a probablement causé involontairement le Burn à travers la galaxie, peut-être simplement via son signal de détresse qui, combiné avec les émissions d’une étoile neutronique, aurait été comme un "détonateur" distant.
Sans même questionner les fondements scientifiques de ce gloubi-boulga, les bullshits volent ici en escadrilles :
- Pourquoi l’USS Hiraga Gennai n’a-t-il jamais secouru le KSF Khi’eth… pourtant plusieurs années avant le Burn ?
- Comment se fait-il que Starfleet ne semble avoir aucune trace de cet appel de détresse alors que la prise de contact avec le capitaine Robert Weems aurait dû être consigné dans les archives de Starfleet. Des archives qui, à une ère post-dématérialisée, n’auraient jamais dû être altérées par le Burn.
- Pourquoi devoir s’appuyer sur le prétendu "génie" d’Adira pour développer un algorithme inédit… alors qu’il s’agissait en fait juste de décrypter un message aux simples normes de l’UFP (qui aurait donc dû être automatiquement décodé par n’importe quel vaisseau de Starfleet).
- La musique sortie de la quatrième saison de BSG 2003 n’était à nouveau qu’un MacGuffin jetable et interchangeable, venant s’ajouter à une panoplie d’autres…
- Et une fois de plus, le "démaillotage" de ce fil rouge se fait au détriment de la plus élémentaire des crédibilités contextuelles. Car la quasi-résolution de cette énigme en deux coups de cuillère à pot par un équipage venu du 23ème siècle aura juste réussi à faire passer les Vulcains et l’UFP du 32ème siècle pour des demeurés finis. Faut-il gober que pas un seul de ces logiciens aux oreilles pointues n’ait songé durant 120 ans à recueillir et analyser les boîtes noires des vaisseaux détruits pour rechercher la vérité ou plus basiquement éprouver rationnellement l’hypothèse douteuse de la responsabilité vulcaine ayant tout de même conduit à un schisme avec l’UFP ?!! A fortiori quand les infos étaient déjà en la possession de Starfleet avant même le Burn (message reçu par l’USS Hiraga Gennai) ! Mais non, toute la galaxie attendait, la sébile tendue, passivement, sagement, benoîtement la venue de la messianique Mary-Sue et de son équipage de cadors, non sans omettre de lui infliger d’abord un chemin de croix quasi-christique.

Toujours est-il que cette pyramide de Ponzi est momentanément ralentie pour préparer le terrain au spin-off Section 31 dont Mirror-Georgiou est appelée à devenir la vedette. Et cela va impliquer de devoir repasser par la "case MU" (ou au minimum par l’ombre de celui-ci) ; pour l’occasion, on retrouvera Mirror-Landry (un simple caméo), Mirror-Stamets, et on y rencontrera pour la première fois Mirror-Burnham (très mal interprétée par Sonequa Martin-Green et attifée de son hideuse coiffure initiale), Mirror-Tilly (alias Killy), Mirror-Culber… mais hélas pas Mirror-Lorca et encore moins Lorca-Prime (le chaînon toujours manquant de la première saison).
Le germe de conscience qui s’est soudain mis à pousser comme un champignon mycélien (depuis le cinquième épisode de la saison) dans la caboche de l’ex-impératrice Terran afin de "trekkiser" le personnage n’émanait semble-t-il pas du mystérieux Kovich (comme tout semblait le laisser croire), mais de l’univers discoverien lui-même ! C’est d’ailleurs le personnage interprété par David Cronenberg lui-même qui vient savamment l’expliquer dans le teaser... mais hélas sans cette fulgurance de crédibilité trekkienne qui avait illuminé durant trois minutes historiques l’épisode DIS 03x05 Die Trying. En dépit de toute la classe naturelle de cette éminente figure de 7ème Art, il n’y a pas de miracle dès lors que le script est foireux. Il ne manquerait plus que ce personnage à la base plus épais que les autres finisse par être à son tour ruiné... comme le furent toutes les autres – si rares – initiatives heureuses de la série.
Ainsi, selon Kovich, chaque molécule tend à retourner à son époque et/ou dans son propre univers ; alors lorsque les deux facteurs sont cumulés, la souffrance du sujet est intenable et il ne reste plus que l’alternative de retourner à son point d’origine ou d’être euthanasié !!! Ce qui serait précisément arrivé à un certain Lieutenant Commander Yor ayant quitté l’an 2379 de la timeline de Kelvin vers le futur de la timeline de Discovery. Il était l’unique individu connu de l’UFP du 32ème siècle à avoir à la fois voyagé à travers le temps et les "dimensions" (du moins avant Mirror-Georgiou).
Alors les trekkers se réjouiront peut-être que Kovich exhume ainsi l’univers Kelvin du formol, avec pour conséquence que le réputé univers "Prime" de Discovery (quoique factuellement incompatible avec celui de ST TOS-TNG-DS9-VOY) assume pour la première fois en intradiégétique l’existence de Kelvin (la réciproque ayant été vraie dès ST 2009). Tout cela prouve surtout qu’Alex Kurtzman ne manque jamais une occasion d’assurer son propre SAV (et sa propre promo) quitte pour cela à ruiner ou démembrer le Trekverse antérieur à lui.
Car en réalité, le concept même d’appartenance voire d’inféodation des individus à un temps (et à un lieu) est philosophiquement d’essence animiste (où le dieu Chronos serait animé et personnifié) relevant des paradigmes de la fantasy, au mieux de la science fantasy, mais en aucun cas de la SF ni de la science. Cela contredit en outre ce que le Star Trek pré-2009 avait toujours mis en scène, notamment du fait que les voyages dans le passé des protagonistes s’accompagnaient le plus souvent d’altération de timelines (principe de causalité) ce qui revenait – comme Yor et comme Mirror-Georgiou – à voyager à la fois à travers le temps et les dimensions. Et c’est bien parce que les altérations chirurgicales des lignes temporelles étaient possibles et sans conséquences personnelles pour les voyageurs... que l’USS Relativity avait vu le jour au 29ème siècle (cf. ST VOY) et qu’une Temporal Cold War fut possible au 31ème siècle (cf. ST ENT).
Mais une nouvelle fois, Discovery a beau faire pesamment référence en toute occasion à la traumatique guerre temporelle, elle n’en mesure à aucun moment les implications réelles, aussi bien par sa prétention irresponsable à s’interdire toute technologie temporelle au 32ème siècle que par l’introduction absurde d’un "localisme" dimensionnel rendant par essence impossible la stratégisation (ou militarisation) à grande échelle du voyage temporel (et ses inévitables effets multidimensionnels).
Ironiquement, Kelvin lui-même (du même auteur pourtant) vient invalider ce que DIS 03x09 Terra Firma Part 1 tente aujourd’hui de faire accroire puisque Nero et tout son équipage du Narada, ainsi que Spock-Nimoy se sont retrouvés exactement dans la même situation que Yor et que Mirror-Georgiou (voyages à la fois temporels et "dimensionnels") mais sans être pour autant frappés par cette pathologie existentielle de pure fantasy sortie onze ans après de la boîte à malices sans fond d’Alex Kurtzman.
Mais si comme d’hab les auteurs s’emmêlent les pinceaux aussitôt qu’il est question de continuité, de causalité et d’épistémologie, ils sont en revanche toujours sur le front du fan service le plus exhibitionniste : en effet l’hologramme de feu Yor porte un uniforme quasi-semblable à celui de la série ST TNG alors qu’il provient de l’époque de ST Nemesis dans la chronologie de Kelvin. L’orgasme que cela est supposé susciter chez les trekkers devrait siphonner toute velléité à questionner la possibilité même et les implications de ce voyage apparemment unique entre Kelvin et Discovery-Prime.
Ou à défaut, l’état d’euphorie pourrait favoriser des mirages et des analogies impropres entre le Mirror Universe et Kelvin, par exemple en suggérant qu’avec le temps, Kelvin "s’éloignerait" du Prime Universe comme le MO, ce qui impliquerait que les voyages transdimensionnels vers le passé (cas de Néro) ne seraient pas autant assortis de "pathologie localiste" que les voyages transdimensionnels vers le futur (cas de Yor). Sauf que la notion "d’éloignement" (évoquée par Kovich dans DIS 03x05 Die Trying) n’a jamais été définie (éloignement par la similitude ? par l’accessibilité ? par la distance dans un espace à dimension n ?) tandis que le MO n’est pas un univers parallèle comme les autres (il est en fait énantiomorphe, ce que DIS s’est employé à ignorer depuis sa première saison incluse).

Seulement voilà, dans la perpétuelle navigation à vue inconséquente jonchée de WTF comme il n’en existe dans aucune autre série, il fallait absolument offrir à Mirror-Georgiou sa rédemption pour la "lisser" et la rendre "trekkiennement acceptable". Et à cette fin, c’est l’essence même de l’univers, la définition de ses lois naturelles qui sont réécrites dans un esprit hautement révisionniste pour agréer l’agenda personnel de Mister K, qu’il soit d’ordre politique/idéologique ou productif/commercial. Déjà que les "redemption episodes" constituent l’un des rituels les plus éculés (et nauséabonds) de la moraline étatsunienne, mais ici, cela tient du gros dégueulis godwinien lorsque des showrunners prétendent en faire bénéficier un(e) super-Hitler galactique qui a exterminé les civilisations par dizaines pour le seul plaisir ou la seule posture !

En amont dudit révisionnisme, il faut introduire le "passeur maïeutique", Carl. Pour cela, l’opus convoque toute l’iconographie du non-sens so British de la light fantasy, allant de Terry Pratchett (Discworld) à Douglas Adams (H2G2) en passant par Terry Nation (Doctor Who). En jouant sur l’incongruité transcendante d’un étrange personnage vêtu de tweed et coiffé d’un melon (en lieu et place d’un deerstalker), lisant le journal ("The Star Dispatch") du lendemain, seul sur une planète enneigée sans vie sentient dans le quadrant gamma (Dannus V), et gardien d’une possible porte trans-dimensionnelle (pas même un portail mais en apparence une porte d’appartement avec rien derrière), Discovery convie pêle-mêle la symbolique du Sphinx hellénique, la porte-sur-mesure du Procès de Franz Kafka (et d’Orson Welles), le générique de la fondatrice The Twilight Zone 1959, le chef d’œuvre de Harlan Ellison dans la série originale, l’indicible ST TOS Spectre Of The Gun, l’inénarrable ST TNG 02x12 The Royale, le génial ST DS9 06x13 Far Beyond The Stars, la porte bleue si emblématique du TARDIS, la série oubliée Early Edition, l’impénétrable Al du final Quantum Leap 05x22 Mirror Image August 8 1953, les virtuosités psychédéliques de Farscape, Mr Jaqual alias Anubis dans American Gods, et même l’apogée métaphysique de SG-1 08x18 Threads. Et puis, avouons-le, Paul Guilfoyle (qui interprète Carl) ferait une parfaite incarnation alternative (ou secrète) du Doctor, énigmatique à souhait.
Pour autant, suffit-il d’empiler démonstrativement les plus fameuses références de la culture imaginaire pour convaincre l’auditoire ? Malheureusement, ce type de placement (à la fragrance de name dropping) gratuit et/ou putassier, au minimum injustifié par une narration bancale, produit l’exact effet inverse de celui recherché. Tel un discours politique ouvertement démago qui cherche à ratisser le plus large possible pour draguer à peu de frais un maximum de chalands.
Les nombreuses entités god-wannabe qui émaillent ST TOS et ST TNG se bousculent au portillon de la spéculation sur l’identité réelle de Carl. Cependant, dans la mesure où ce dernier tient en main un numéro de "The Star Dispatch", quotidien new-yorkais des années 30 dans ST TOS 01x28 The City On The Edge Of Forever, il est quasi-certain qu’il s’agit du Guardian Of Forever sous une autre apparence... probablement en exil suite à la TCW et autres guerres temporelles au 31ème siècle. C’est là l’hypothèse la plus téléphonée et la plus inconséquente en terme de worldbuilding, nul doute que c’est donc ce que choisiront les affligeants showrunners de Disco...

Venons-en maintenant au révisionnisme à proprement parler.
Sa première étape consiste à faire croire que tout le personnel de l’USS Discovery tient à la vie et au destin de Mirror-Georgiou comme s’il s’agissait d’une véritable officière de Starfleet et d’une membre émérite de l’équipage. Le tout adoubé par l’amiral Vance lui-même qui semble davantage préoccupé par le bien-être de l’ex-impératrice terranne que par le sort de la Fédération du 32ème face à son Nemesis mafieux (la Chaine d’émeraude d’Osyraa) ! Et le moins qu’on puisse dire est que l’épisode n’aura pas été ladre en signes de connivences et de marques d’affection envers Mirror-Philippa alors qu’iceux constituent autant d’insultes à l’éthique et à la mémoire collective, comme si l’univers entier était matricé par la psyché narcissique de Mary-Sue en perpétuelle quête d’affection maternelle.
Le seconde étape dudit révisionnisme postule de réécrire tout l’arc miroir de la première saison de Discovery, notamment en faisant passer la criminalité systémique de l’Empire Terran pour un code d’honneur Klingon-morphe avec son lot de devoirs désintéressés et d’obligations sacrificielles (un des pires sophismes possibles), en rendant comptable l’impératrice devant des lois supérieures (comme dans les états de droit – un comble) afin de l’exonérer en creux de ses crimes, et pire : en tentant de présenter rétrospectivement l’impératrice Georgiou comme la "moins pire" de ses semblables, et cela avant même son séjour forcé dans le Prime Universe ! En effet, la "revisitation" du "passé miroir" organisée par le mystérieux Carl et portant sur une période antérieure à la venue de l’USS Discovery (le baptême de l’ISS Charon, vaisseau impérial de dénomination mythologique à la croisée de Mass Effect et de l’Odysseus d’Ulysse 31), prétend établir que la sédition organisée par Mirror-Burnham et Mirror-Lorca résultait des velléités morales (perçues évidemment comme autant de faiblesses) de Mirror-Georgiou. Sauf que la saison 1 de Discovery avait montré exactement l’inverse : les conspirateurs voulaient se débarrasser d’une impératrice jugée excessivement cruelle (ce qui donne une idée de l’infini selon les "normes terrannes"...), Mirror-Lorca représentant plutôt un moindre mal (du moins par rapport à l’invraisemblable "manman de substitution" que s’est trouvée Mary-Sue), ce dernier ayant même réussi à se faire passer sans difficulté pour un officier de Starfleet durant des mois (ce dont pas un seul autre ressortissant de l’univers miroir – pas même Mirror-Kirk – ne fut capable). Sa relative "compatibilité" avec l’UFP (aucun assassinat gratuit dans son cas) faisait donc bien du révolutionnaire Mirror-Lorca le "moins pire" des Terrans (peut-être même une préfiguration de Mirror-Spock) lorsque l’impératrice était bien la pire de toute.
C’est d’ailleurs là que git le cœur de la manipulation émotionnelle, et comme toujours dans Discovery à base d’amnésie : on renverse totalement les rôles l’air de rien deux ans après, et on tente de superposer la transformation de Mirror-Georgiou au contact de Michael-Burnham et de l’UFP avec une prédisposition innéiste antérieure... pourtant directement contredite, non seulement par les "exigences" hyper-criminelle de l’ascension au rang d’impératrice dans le Mirror Universe, mais également par ce que Discovery avait montré avant que Secret Hideout n’envisage de développer une série autour de Michelle Yeoh.
Et c’est ainsi que les showrunners prouvent qu’ils ne carburent qu’à la peopolisation : à partir du moment où une actrice ou un acteur capitalisent la sympathie des groupies, la cohérence d’écriture des personnages et la crédibilité de l’univers lui-même devient entièrement facultative, pour ne pas dire superfétatoire.
En outre, en méta, cela revient à forcer progressivement le public à adhérer à un personnage constituant l’effigie de tous les simplismes kurtzmaniens. On avait fait de Mirror-Georgiou une super-(anti-)héroïne et une arme de destruction massive pour lutter à main nue contre l’inhumain Control dans la seconde saison puis contre les affreux truands dans la troisième. Mais non content de "cartooniser" ainsi le peu de crédibilité que Discovery tirait encore de son prestigieux label, on voudrait maintenant – par voies de conditionnement, d’imitation, et de "rachat de conscience" bradé – nous faire aimer au sens trekkien ce personnage en essence paroxystiquement antitrekkien.

Dès lors, qu’importe si Carl est bien le Guardian Of Forever en exil (le plus probable), ou un autre genre de Gardien de l’éternité (cf. ST TOS 01x28 The City On The Edge Of Forever) versé quant à lui dans le trans-universes (ou dans les expériences de la pensée, ou bien un Organian (cf. ST ENT 04x11 Observer Effect et ST TOS 01x27 Errand of Mercy), ou encore un Q du Continuum...
Qu’importe au fond comment l’IA Zora de la Sphère rouge sentient a sorti de son chapeau d’énième dea ex machina (carburant principal de la série) la planète Dannus V (telle une panacée à tous les problèmes) et la localisation du Guardian pourtant "en cavale" (mais en se gardant bien de détailler quoi que ce soit aux officiers de Starfleet qui y foncent aveuglément sans même savoir de quoi il s’agit).
Qu’importent finalement les justifications in-universe hautement capillotractées et totalement incompatibles avec la SF en général et ST en particulier...
Tout ce qui compte ici, c’est que Mirror-Philippa soit placée en traitement. On lui offre une psychothérapie virtuelle à grandeur de l’univers. Et comme dans le monomythe campbellien qu’Alex Kurtzman décline dans chaque opus faussement trekkien depuis 2009, il faut que le héros ou l’héroïne se libère de ses "conflits intérieurs" (quand bien même il s’agirait d’exterminations de masse) pour pouvoir franchir le seuil de son nouvel univers construit sur mesure et enfin y trouver sa place (tel un goodie dans une vitrine). Qu’il s’agisse ici d’un voyage mémoriel (façon ST DS9 05x08 Things Past) ou spatiotemporel (mais dans ce cas l’impératrice aurait dû se rencontrer elle-même, dans tous les cas altérer la timeline du MU pour avoir assassiné Mirror-Stamets), Mirror-Georgiou sera fatalement confrontée (dans le second volet du diptyque) au "jugement dernier" de ses propres souvenirs/regrets/remords pour faire la démonstration que l’amour pour sa fille putative Mirror-Burnham peut l’emporter sur sa volonté congénitale de massacrer et dominer l’univers. Peut-être l’impératrice devra-t-elle même prouver son aptitude à se sacrifier en offrant sa vie à Mirror-Mary-Sue... ce qui rouvrira alors aussi sec la porte de Carl pour lui permettre de la retraverser en sens inverse, quitte à en revenir quelque peu amnésique mais apaisée, donc guérie... puisque dans un univers de fantasy, les lois physiques et naturelles sont toujours subordonnées à la volonté de l’esprit, à la morale, aux parcours initiatiques et aux guides sprituels. En somme : trépasser pécheresse dans l’univers miroir pour renaître virginale dans l’univers prime. Elle "démontrera" ainsi que son "stage" au côté de l’archange Michael aura porté ses fruits et qu’elle sera enfin digne de Star Trek (version Kurtzman), de Fedefleet, de l’amour de Mary-Sue, et de l’estime de l’équipage de l’USS Discovery.
Il faut d’ailleurs s’attendre à ce que les codes de la fantasy s’invitent aussi sur le terrain de la rétribution, dans un paradigme bac-à-sable où il suffit qu’un criminel contre l’humanité sauve son fils ou sa fille pour être instantanément pardonné et lavé de la masse critique de ses crimes... à l’instar de Darth Vader redevenu Anakin Skywalker pour avoir simplement épargné son fils Luke à la fin de Star Wars : Episode VI - Return Of The Jedi.

En détournant durant deux semaines l’attention de la fuite en avant (avec son lot d’incohérences) et de l’économie de crédit (substituant progressivement toute réalité tangible à la virtualité d’une promesse en devenir) sur lesquelles sont bâties les séries de Kurtzman, DIS 03x09+03x10 Terra Firma occupe exactement le même fonction de diversion pour Discovery que PIC 01x07 Nepenthe pour Picard. À seulement trois épisodes de la résolution de la plus impénétrable énigme galactique depuis 120 ans, ce "flash-back" virtuel et HS, délayé sur un double épisode, témoigne soit du complet amateurisme dans la construction narrative de la saison, soit d’une tentative désespérée pour diluer l’indigence et la vacuité abyssales du fil rouge.

Dans DIS 03x08 The Sanctuary, lorsque Book reçoit un appel à l’aide de la planète Kwejian dont il est natif, et plus particulièrement de Kyheem (son "frère de cœur"), Burnham n’envisage pas cette fois de déserter pour suivre son amant. Non, elle épuise d’abord les options légales comme dans toute société civilisée. Ainsi, elle se rend avec Saru dans le bureau de l’amiral Vance pour lui exposer rationnellement l’intérêt d’une mission sur Kwejian, affamée et assujettie comme tant d’autres à la mafieuse Chaine d’émeraude (qui s’est faite une spécialité de violer la Prime Directive pour asservir les civilisation pré-distorsion). Et c’est tout aussi "rationnellement" que Vance autorise Mary-Sue à se rendre sur place avec l’USS Discovery… même s’il est permis de s’étonner que l’amiral ait laissé le vaisseau le plus précieux de la flotte s’exposer ainsi dans une mission à risque. En toute prophylaxie tactique, un vaisseau moins irremplaçable aurait dû être affecté pour la circonstance.
Voilà qui frappe rétrospectivement d’impéritie tous les fondements la désobéissance artificielle de Burnham dans DIS 03x06 Scavengers et, avec, la risible grandiloquence punitive qui a suivi. Dans le Kurtzverse, les mêmes causes n’engendrent pas les mêmes effets, y compris à l’échelle d’une même série et d’une même saison.
Et bien DIS 03x09 Terra Firma Part 1 récidive puisqu’il suffira que Michael vienne plaider la cause de sa chère et tendre impératrice génocidaire pour qu’aussitôt l’amiral Vance considère que sauver une Hitler galactique a naturellement priorité sur la survie de la Fédération face aux attaques implacables de l’Emerald Chain… au point même de faire la leçon à Saru qui avait osé objecter au nom de l’intérêt du plus grand nombre. Ce dernier avait pourtant en soi raison d’invoquer le pragmatisme trekkien, et Vance avait lui aussi en soi raison d’appeler à davantage de souplesse ou de "noblesse" (« un membre de votre équipage se noie ; si vous l’abandonnez, votre équipage ne vous verra plus jamais ni la Fédération de la même façon ; vous-même changerez de regard sur vous. »).
Du coup, la dérive sophistique tient à des postulats erronés en amont et à des considérations à contremploi de part et d’autre : les impératifs collectifs et civilisationnels de survie doivent prévaloir tandis que Mirror-Georgiou est l’antithèse d’un membre de l’équipage (ou de la "famille"). Mais pour mieux entériner cette manipulation éhontée, les scènes d’adieu de l’équipage à l’ex-impératrice en partance vers son destin sur Dannus V sont un enchainement émétique de génuflexions rampantes et de soupe émotionnelle frappé au coin de la téléréalité : ce mélo artificiel tente ainsi de faire oublier à tout le monde qui est vraiment Mirror-Hitler ; elle est célébrée pour son intégrité et son apport à l’équipage ; Saru dira de celle qui consommait du Kelpien au breakfast qu’elle n’a que quelques désaccords avec lui ; Tilly enlacera tendrement celle qui n’a cessé de l’insulter et la mépriser depuis son arrivée à bord... Même à la seule échelle du Prime Universe, qui se souvient des méfaits et de la malveillance de l’ex-impératrice durant les saisons 1 et 2, par exemple à l’encontre du pauvre Leland avant qu’il ne devienne Control ?
Les auteurs étaient parfaitement libres de ne pas exposer Mirror-Philippa à une pathologie improbable de fantasy et/ou ils étaient libres de solutionner celle-ci dans le réalisme (tant factuel que moral). Mais ils ont délibérément fabriqué de toutes pièces un pseudo-"tiraillement" éthique – afin de provoquer un choix affectif ou clanique en faveur de "Shiva" et contre l’UFP – pour littéralement "baptiser" le personnage selon "l’évangile trekkienne" et "l’intégrer" à la famiglia. Or c’est bien là que réside toute l’imposture.
Aucune couleuvre n’est donc épargnée aux spectateurs et les auteurs tenteront même d’arracher des larmes à Margot sur le sort de la "Destructrice de mondes", soit une forme encore inédite d’indécence qui ne pourrait s’expliquer que par une confusion déstructurante entre personnages et acteurs.
Sauf bien sûr à vouloir faire rimer l’humanisme trekkien (revu et corrigée par la "marque K") avec niaiserie, immaturité, et égalitarisme moral.
Voudrait-on ainsi nous faire croire qu’il serait égoïste et antitrekkien de faire passer le dernier bastion de l’utopie roddenberrienne avant l’intérêt du Führer d’un autre univers ? Est-ce vraiment une leçon d’inclusion destiné à enrichir le tokenism du genderbread ? Le bréviaire du woke serait-il à ce point hypocrite pour accoucher de "fachos génocidaires" à géométrie variable, qu’il faudrait cesser de maudire dès lors qu’ils servent les desseins mercantiles des pendards d’Hollywood ? Est-ce vraiment ça le catéchisme faux cul des SJW comme Michelle Paradise ?

En tout état de cause, au regard de la complaisance contractuelle dont ne cesse de témoigner l’amiral Vance envers les moindres requêtes de la messianique Mary-Sue, Saru n’en paraît comparativement que plus mesquin et roquet, aussi petit par l’esprit qu’il est grand par la taille. Du moins selon cette grammaire strictement Burnham-centrée qui irrigue l’univers entier et dont Saru tient le rôle ingrat de "lantern" autoparodique.
Autoparodique en effet, car le Kelpien est en proie à un perpétuel deux poids deux mesures, toujours sur la brèche pour confondre et sanctionner Michael (en dépit de tout ce qu’il lui doit), mais d’une grande indulgence envers lui-même (tout comme la hiérarchie envers lui) lorsqu’il prend des décisions organiques absurdes (e.g. nommer XO une "enseigne Instagram" dans un vaisseau au personnel bien plus gradé et expérimenté), lorsqu’il désobéit aux ordres directs (par exemple en déclenchant dans l’épisode précédent rien de moins qu’une guerre totale entre l’UFP et le "terriblissime" orionne Osyraa, en somme comme Burnham avec l’empire Klingon dans le pilote de DIS), ou lorsqu’il contrevient au protocole (en interdisant à son personnel d’informer en temps réel l’amiral Vance de son décryptage du message de détresse provenant du point d’origine du Burn afin de ne surtout pas compromettre la "mise aux normes trekkiennes" de Mirror-Georgiou à la surface de Dannus V).
Autoparodique encore lorsque la prétention pseudo-trekkienne de DIS 03x08 The Sanctuary était de convertir, par son opération sur Kwejian, Cleveland Booker à la "vraie foi" des "vraie croyants" en la "religion Fédération". Sauf que lorsque ce dernier veut se mettre au service de Saru, du haut de ses kilomètres de prétention troposphérique, il envoie sur le banc des newbies (prétendument indignes des pompes et des œuvres de Starfleet) celui qui a pourtant sauvé l’USS Discovery à la fin de DIS 03x02 Far From Home, celui qui a capturé l’insaisissable pirate Wen de Titan dans DIS 03x03 People Of Earth, celui qui a vaincu le négrier orion Tolor dans DIS 03x06 Scavengers, celui qui est comme un poisson dans l’eau marécageuse du 32ème siècle... tandis que l’UFP est à l’agonie faute de ressources et de personnel.
Le sens des priorités au sein des productions Kurtzman relève du gag (ou de la gaffe) perpétuel(le), telle une Team America involontaire.
Et c’est surtout Saru qui en fait les frais. Mine de rien, quel gâchis pour le seul personnage de la série ayant eu à l’origine un potentiel trekkien...

À l’instar du "rêve thérapeutique" de Mirror-Georgiou, l’espoir d’un progrès en termes de caractérisation et de worldbuilding relève ici de la pure Maya. Et justement, dans Discovery 03x09 Terra Firma Part 1, les seuls éléments qui pourront faire illusion, ce sont les "lanterns" (ou plus exactement la "lantern" que l’épisode dans son ensemble est en fait devenu), mais surtout l’univers miroir (avec son panache visuel et comportemental)… où – comme dans la première saison – les auteurs semblent bien davantage à leur aise, car tout bonnement dans leur "milieu naturel".
Depuis la seconde saison de ST TOS jusqu’à la quatrième saison de ST ENT en passant par les cinq épisodes de ST DS9, le Mirror n’a jamais ambitionné d’être autre chose qu’un contrepoint caricatural, certes fantasmatique mais peu subtil comme négation apagogique de l’idéalisme trekkien. Or depuis qu’Alex Kurtzman a rebooté Star Trek en 2009, il a pris le miroir au pied de la lettre, et il s’avère que c’est bien le seul cadre de développement qui sied à son style grossier, simpliste et involontairement parodique. Autant dire que tant que les épisodes de DIS prendront place dans le Mirror Universe, quand bien même une émulation ou un souvenir de celui-ci, le ramage se rapportera forcément davantage au plumage. La caricature d’une caricature possède "l’avantage" de rester homogène en format... tout en brandissant un "passeport d’immunité" envers les incohérences et les contradictions qu’elle enfile comme des perles. Une "immunité" subordonnée toutefois à des "relations diplomatiques" avec le gang Secret Hideout, car à défaut, cette prétention sera plutôt une circonstance aggravante...
Et puis, en alignant les cruautés gratuites et les répliques cartoonesques de "méchants parce que", le MU offre lui aussi une "thérapie" souveraine au spectateur : exit le pathos, exit le mélo, exit la guimauve, exit les larmes (100% féminines of course)... et exit aussi la prétention de se faire passer pour du Star Trek. Ce qui est tout de même rafraichissant, et ça mérite bien un demi-point.

Il n’en demeure pas moins que l’incompétence en matière d’écriture anti-trekkienne et d’indigne showrunning s’exprime non seulement par une triche permanente (on "révisionne" ou on "retcone" sans complexe les événements passés et on modifie au fur et à mesure les règles du jeu en espérant que les spectateurs n’y verront que du feu), mais également parce qu’il n’existe pas un seul rebondissement (ou twist) internaliste, pas un seul ressort narratif qui ne laisse transparaître sans ambages les grossières intentions externalistes.
Dans le "faketrek" Disco, la suspension d’incrédulité n’est qu’un pauvre habillage factice et translucide qui jamais ne réussit à masquer, même le temps polynomial du visionnage, les pesants objectifs commerciaux de Secret Hideout. Et dans cette opération de perpétuel pillage et enfumage, cela a pour effet désagréable – mais salutaire – de révéler au spectateur crédule que c’est en fait lui, le produit.

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité