Analyse
Par Yves Raducka
Effectivement Frank, il m’aura même fallu plusieurs verres d’absinthe pour encaisser le coup…
Toutefois, aussi cocasse qu’elle puisse être, mon indignation ne doit pas être versée au très faible crédit humoristique de cet épisode.
Si encore Lower Decks se contentait d’emprunter avec une syllogomanie morbide les artefacts les plus saillants d’un demi-siècle de productions Star Trek pour les empiler comme dans un medley, elle pourrait convier la petite madeleine de Proust. Si encore Lower Decks parodiait de véritables inhérences trekkiennes comme le fait si bien The Orville, elle rirait avec Star Trek et avec les trekkers.
Malheureusement, Lower Decks s’obstine à faire exactement l’inverse : elle construit son pastiche contre Star Trek et contre les trekkers... tout en se drapant des somptueuses parures de TNG et en masquant son absence abyssale de fond au moyen d’un name dropping toujours plus émétique.
Bien entendu, le procédé est profondément irrespectueux du matériaux existant. Inutile d’y revenir, cette messe-là est dite depuis longtemps.
Mais dans le présent cas, c’est le cahier des charges de la série (les cartoons dit "adultes" et leurs tropes) qui n’est pas honoré : l’humour est tellement peu pertinent envers son référent qu’il en devient faible et HS ; il manque en quelque sorte sa cible à chaque fois, comme un fait exprès, frappant sans cesse à côté tel un tireur ivre.
L’exaspération initiale passée, le spectateur bascule progressivement dans l’ennui, et finalement, le visionnage s’achève dans l’indifférence.
On retiendra surtout de Lower Decks 01x02 Envoys que l’humaine afro-américaine Becket Mariner est bel et bien une Michael Burnham 2.0 jusqu’à la nausée :
- elle sait absolument tout sur tout,
- elle a tout vécu et tout connu,
- elle est bénéficiaire d’un "pacte de sang" (blood-bounded) avec le plus décoré des généraux Klingons (K’Orin),
- elle se bat si bien (tant à main nue qu’au Bat’leth) qu’elle plaque en un tournemain au sol un prestigieux guerrier klingon,
- elle résiste comme aucun Klingon au vin de sang (elle en boit sans ivresse lorsque le Klingon se retrouve torché),
- elle se révèle un tribun hors pair qui réussit à réconcilier par un petit discours, du fric et quelques tournée de bars une dizaine d’espèces aliens prêtes à s’entretuer,
- elle possède le doigté d’un pickpocket professionnel,
- elle résout tous les problèmes et triomphe de tous les périls...
... mais en restant toujours cool et badass (c’est-à-dire sans avoir même eu besoin de trimer et d’étudier dans sa vie, autant dire qu’elle a la science infuse).
Et manifeste SJW-woke-#MeToo oblige, Mariner/Burnham met vraiment minables les hommes, qui sont des larves et des nuls comme il se doit.
Par surcroît, derrière son (épais) vernis de narcissisme et de vulgarité (ou de grivoiserie), la nouvelle Mary-Sue-des-cartoons est encore plus parfaite qu’elle ne prétend l’être puisqu’elle pousse la surérogation jusqu’à se faire ponctuellement elle-même passer pour une idiote (avec la complicité d’un Ferengi qui accepte de se caricaturer lui-même) afin que le pauvre Brad Boimler se sente un peu moins complexé devant sa supériorité cosmique.
Mais attention, il n’est pas permis d’en adresser le reproche à la série. Non, non. Car icelle a tout prévu : Lower Decks assume en effet totalement cette outrance en interne, puisque tous les personnages eux-mêmes surnomment Burnham 2.0 : Captain Know-It-All !
Si c’est pas de l’arnaque en béton armé, ça !
Et puis, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de précédent à valeur de "jurisprudence" : la dynamique entre les personnages de Mariner et Boimler n’est qu’un pauvre rip-off (en bien plus simpliste) de celle entre Rick et Morty du même auteur, Mike McMahan, qui a visiblement quelques difficultés à se renouveler...
Tulgana IV accueille à sa surface de nombreux avant-postes et ambassades d’espèces diversement membres de la Fédération : humains, Kaleons, Taxor, Risiens, Anabaj, Andoriens, Klingons... Mais en dépit des décors de TNG, c’est la dystopie de la série Picard qui est bien au rendez-vous ici. Sujets à une considérable régression sociologique jusqu’à un état antérieur à ceux de TOS 02x15 Journey To Babel et de Nimbus III de ST V The Final Frontier un siècle avant, ces peuples de l’UFP sont prêts à s’entretuer au moindre prétexte, les prédateurs (y compris sexuels comme l’Anabaj) sont partout, le racisme est omniprésent, l’oseille y fait autant la loi que dans la Cantina de SW, les visiteurs du soir ont tout intérêt à raser les murs et baisser les yeux s’ils ne veulent pas se faire démolir par certaines des espèces pourtant fondatrices de l’UFP... Bienvenue dans le pire du monde contemporain : l’UFP selon Kurtzman, ce sont les favelas de São Paulo.
Mais tout ça importe peu n’est-ce pas, car Lower Decks tente d’en explorer le côté "fun". Ainsi, la recherche du général K’Orin à travers les bidonvilles "multiethniques" de Tulgana IV s’apparente à la visite d’un zoo. Chaque espèce est parquée dans sa propre grande cage à ciel ouvert, son cadre naturel y est toujours reconstitué, et après tout, un bon apartheid vaudra toujours mieux que l’insécurité et les violences. Tout l’esprit de l’IDIC quoi.
Pour le reste, alibi parodique ou non, l’épisode enchaîne des salves d’incohérences et d’inconséquences dans des proportions comparables aux épisodes de Discovery :
- L’intrusion sur l’USS Cerritos d’une forme/force de vie énergétique ouvertement malveillante aurait dû faire l’objet d’une alerte générale sur le vaisseau, et non être snobée localement puis mise à profit personnel par des officiers de Starfleet. En gros, le Starfleet version Lower Decks c’est : « je rencontre une forme de vie immatérielle ; peu importe ses intentions ("bonnes" ou "mauvaises"), peu importe ce qu’elle est et d’où elle vient, je la mets juste à l’amende dans mon coin et tant pis si elle crève. » Cool.
- Si la sphère énergétique apparue dans le teaser avait la capacité de traverser la coque, les cloisons, et n’importe quel objet/sujet solide, comment se fait-il que super-Mariner/Burnham ait pu la saisir de ses mains, puis faire mine de l’enfermer dans une boîte afin de la soumettre à ses caprices vénaux ?
- Non, les humains ne se feront pas davantage respecter des Klingons ni ne communiqueront plus aisément avec eux s’ils se rabaissant indignement eux-mêmes (Mariner se qualifie notamment de Federation dog).
- Non, les Klingons ne s’effondrent pas ivres morts après avoir bu durant quelques minutes du vin de sang (ce sont les humains qui sont dans ce cas).
- Non, les haut dignitaires klingons ont trop d’orgueil pour se comporter en pochards se déféquant dessus ni en soudards concupiscents lors des réunions au sommet avec d’autres espèces (cas de ici K’Orin). Lower Decks a beau respecter l’aspect physique des Klingons du 24ème siècle, leur comportement n’est pas davantage klingon que celui des Kling-Orcs de Discovery.
- Il est tactiquement absurde que Mariner et Boimler ne recourent à aucun appui technologique (sur Tulgana IV ou à travers l’USS Cerritos) pour localiser sans délai la navette Yosemite tombée sous l’emprise éthylique de K’Orin (Starfleet ne saurait tenir pour responsable des enseignes pour les actes d’un général klingon).
- Quel bullshit de prétendre rechercher un général Klingon ivre-mort embarqué dans une navette volante (et n’ayant pas même mis les pieds sur le sol de Tulgana IV) en posant aléatoirement des questions aux "indigènes" sur les marchés (une vendeuse klingonne de Gagh) ou dans les latrines (un Andorien). Et c’est pourtant l’argument des deux tiers de l’épisode…
- Nawak complet lorsque l’enseigne Rutherford demande à changer de spécialisation professionnelle (l’ingénierie), puis s’essaie successivement à toutes les spécialités disponibles sur l’USS Cerritos (commandement, santé, sécurité) sous prétexte que l’enseigne Tendi lui a proposé d’aller contempler le pulsar Trivoli depuis la baie d’observation ! Le caractère ultra-éphémère/ponctuel et immédiat de cet événement combiné à toutes les libertés dont disposent les officiers à bord ont vraiment de quoi faire douter de l’équilibre mental ou de l’intelligence des personnages. Ce point constitue l’argument du dernier tiers de l’épisode, et un prétexte pour continuer la visite guidée du vaisseau déjà entamée dans le pilote.
- Et bien sûr, comme dans chaque épisode, c’est l’exhibition pornographique des idiotismes et des postures 100% actuelles, donc 100% ST-incompatibles, entre les okeydokey, give me five, les sous-entendus obscènes, et le gang slang...
Il faut en outre recenser plusieurs incompatibilités contextuelles majeures qui excluent The Lower Deck de la trame temporelle historique (allant de ENT à ST Nemesis) :
- Brad Boimler fait le plus naturellement référence à la Section 31 au cours d’un échange (sur les bénéfices énergétiques de la marche rapide) avec Beckett Mariner. Ce qui contredit grossièrement le statut de la Section 31, qui à l’ère de TNG/DS9 et plus généralement dans toute la timeline historique ENT-TOS-TNG-DS9-VOY, était la plus secrète des organisations (inconnue même des capitaines de vaisseaux disposant des homologation de sécurité les plus élevées). Mais dans Lower Decks 01x02 Envoys, un simple enseigne de vaisseau, pas très futé qui plus est, connaît la Section 31 comme le loup blanc. Cela signifie donc que Lower Decks, tout comme Picard appartiennent à la timeline de Discovery... où la Section 31 s’affiche au grand jour tandis que ses officiers sont vedettisés tels des rock stars. Décidément, en dépit de la déco, The Lower Decks ne s’inscrit pas dans la continuité de TNG, et le tropisme kurtzmanien rayonne de tous ses éclats : le Section 31 y est partout et sur toutes les lèvres, et l’ombre du SD-6 de l’épouvantable série Alias n’est jamais loin...
- Les préjugés exprimés par Boimler à l’encontre des Ferengis (« l’espèce la moins fiable de la galaxie » selon ses assertions) représente une négation des sept ans de run de DS9, durant lesquelles la Fédération a appris à connaître les Ferengis, s’est rapprochée de leur Alliance, s’est appuyée sur certains d’entre eux (Nog, Rom, Quark...) pour vaincre le Dominion, et à même progressivement intégré des Ferengis au sein de Starfleet (entre autres Nog). DS9 s’est même conclue par l’accès du plus humanisé des Ferengis (Rom) à la charge le Grand Nagus. Dès lors, la manipulation organisée par Mariner avec la complicité de Quimp n’avait de sens qui si les humains avaient en 2380 autant de préjugés envers les Ferengis que lors de leur premier contact officiel dans TNG 01x05 The Last Outpost en 2364 (soit 16 ans avant). Ce qui exclut donc également The Lower Decks de la ligne temporelle historique partagée par TNG et DS9.
A l’instar de toutes les productions Kurtzman, les références internalistes sont toujours empilés et exhibées comme sur un cactus, mais ces alibis grossiers de compétence (merci les wikis), de connivence (des cacahuètes aux trekkies) et d’appartenance (puisqu’on vous dit que c’est du Star Trek) relèvent sempiternellement du même enfumage. Pour n’en citer que huit :
- La lifeforce énergétique blanche immatérielle ou matérielle selon les besoins du script et semblant en quête de vénération grandiloquente emprunte vaguement sa forme aux épisodes TOS 02x22 Return To Tomorrow et TNG 02x01 The Child, tandis que son fond est un très mauvais pastiche des Oris de Stargate SG-1.
- Les holoprogrammes de simulation de commandement (Command Trainer 4 et Command Trainer 43) lancés par le commander Jack Ransom (pour tester l’enseigne Rutherford dans son nouveau choix de carrière-pour-rire) tirent leur origine de l’épisode TNG 07x16 Thine Own Self (avec le Bridge Officer’s Test passée par Deanna Troi).
- Le Janeway protocol que Jack Ransom recommande pour le scénario désespéré du Command Trainer 43 (impliquant une faille temporelle et une brèche du noyau de distorsion sous 30 secondes) est un clin d’œil à la propension de la capitaine Kathryn Janeway à dealer avec les anomalies temporelles tout au long des sept saisons de VOY, et même nommément des "temporal rifts" dans VOY 03x08+03x09 Future’s End et VOY 07x25+07x26 Endgame. (Il faut toutefois signaler que dans le "second" épisode VOY 01x03 Parallax, il s’agissait d’une faille quantique et non temporelle.)
- La victoire spectaculaire et inattendue de Sam Rutherford (grâce à son implant cybernétique) à l’ingagnable Combat simulation Smorgasborg (contre douze Borgs holographiques autour d’un ring) parallélise la simulation du Kobayashi Maru auquel Kirk réussit (ST II TWOK et ST 2009) moyennant un triche sa part alors que le test était uniquement conçu pour éprouver le tempérament des candidats face à un no-win scenario. Ici, en lieu et place d’un hacking (ou d’une reprogrammation en loucedé) des paramètres de l’holoprogramme, l’enseigne Rutherford convoquera toutes les facilités des super-pouvoirs tant à la mode outre-Atlantique (DC, Marvel...) mais tellement antinomiques des postulats trekkiens.
- La secteur klingon nommé Little Chronos (un anthropocentrisme à la Little Odessa) reproduit bien le style et l’ambiance périodiquement rencontrés sur la planète-capitale Qo’noS de l’Empire klingon depuis ENT 01x01+01x02 Broken Bow jusqu’à DS9 03x03 The House Of Quark, mais dans une déclinaison davantage misérabiliste.
- La "petite Risa" reproduit le cadre de la planète-mère de cette société fantasmatique axée sur l’oisiveté (farniente, chilling, niksen) et le plaisir charnel (jamaharon explicitement cité dans l’épisode et horga’hn) successivement mis en scène dans TNG 03x19 Captain’s Holiday, DS9 05x07 Let He Who Is Without Sin..., et ENT 01x25 Two Days And Two Nights.
- La rencontre avec un métamorphe (tentaculaire) vendorian, se faisant passer pour un Andorien âgé, tire son origine de l’épisode animé historique TAS 01x06 The Survivor sis en 2269. Néanmoins, il est assez étonnant que dans Lower Decks 01x02 Envoys, la simple qualité de métamorphe semble légitimer traque et persécution. Faut-il en déduire une régression sociale depuis l’épisode de TAS se déroulant 111 ans avant ? Et quid du traité de paix signé avec les métamorphes du Dominion 11 ans avant (en 2369) ?
- Coup sur coup, le responsable du département d’ingénierie puis le responsable du département de sécurité font mine de se fâcher tout rouge devant la volonté exprimée par Rutherford de changement de spécialité, avant de le féliciter chaleureusement sous les ovations générales. Ce running gag pourrait constituer une fielleuse raillerie des propensions de Gene Roddenberry à composer une humanité future trekkienne dépourvue de conflits (du moins au sein de Starfleet). Auquel cas, ce procédé très artificiel de résolution de conflit employé par l’épisode (puisqu’il n’y a en fait aucun conflit juste une volonté de "faire marcher" le jeune officier) tente surtout de discréditer le postulat roddenberrien (qui n’était quant à lui pas un artifice scénique mais un état de maturité psychosociologique).
Lorsque Quimp caricature son espèce à la demande de Mariner pour duper Boimler, il imite les manières cauteleuses et simiesques ainsi que le phrasé ("Hou-Man") des premiers Ferengis très typés rencontrés par l’USS Enterprise D seize ans avant dans TNG 01x05 The Last Outpost. Or même si ce parti pris induit une divergence de timeline (cf. plus haut), reconnaissons tout de même à cette scène d’être probablement la seule humoristiquement réussie de The Lower Decks depuis son pilote inclus ! Car pour la toute première fois, il s’agit d’une parodie de l’inhérence trekkienne dont l’épisode se joue de manière un peu "méta" d’ailleurs, et non de l’habituel humour stéréotypé de cartoons dits "adultes" transposant dans le futur trekkien toutes les idiosyncrasies, les vulgarités obscènes et scatologiques, et le reflet médiocre (ou obscur) du contemporain.
Malheureusement, cette pépite bien isolée relève (du moins à ce stade) de l’exception qui confirmerait (et non infirmerait) l’échec à la fois humoristique et trekkien de Lower Decks.
Le format loner / stand alone des épisodes de ST Lower Decks constituaient également une belle promesse. La promesse d’échapper à la paupérisation thématique et sémantique des structures feuilletonnantes / serialisées dont ont souffert aussi bien Discovery que Picard.
Hélas, force est de constater que dans une production Kurtzman, cela ne rédime rien, le niveau de nullité semblant déchu au-delà de toute rédemption. Ce qui n’est guère encourageant pour la future ST Strange New Worlds – la série de la dernière chance pour la marque rouge en "K".
Conclusion
Alors si l’objectif est de railler l’univers de Star Trek tel que le faisait Mystery Science Theatre 3000 à l’encontre des nanars SF des années 50, l’exercice est plutôt réussi.
Mais si l’objectif est d’explorer de Trekverse à travers un autre filtre tonal, celui de la légèreté et/ou de l’humour, l’exercice est paroxystiquement raté.
Une fois n’est pas coutume, et au risque de décevoir Frank, j’épargnerais aux lecteurs l’explosion sarcastique d’un nouveau pamphlet conclusif. Nulle prose goguenarde, nulle philippique caustique ne tentera de suppléer ici un contrat humoristique non tenu en amont. Dans la mesure où ce nouvel épisode vérifie en tout point les caractéristiques du précédent, autant éviter le piège de la redite ou de la redondance... pour se reporter directement à la conclusion de ma longue critique de Lower Decks 01x01 Second Contact qui s’applique tout aussi bien à 01x02 Envoys – les mêmes causes produisant dans les mêmes conditions exactement les mêmes effets.
Le logiciel kurtzmanien est toujours aussi coincé dans la contemplation nombriliste du présent et toujours autant incapable de conceptualiser une quelconque vision d’avenir.
23 minutes de diarrhée verbale hystérique dédiée à l’inanité appelle un silence thérapeutique. Et il arrive que le silence – celui des requiems ou des cimetières – soit plus éloquent qu’un long discours.
Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité