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Je m'enfonce dans la forêt
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Critique
Par Frank Mikanowski

Après une escapade bucolique la semaine dernière, que contrairement à Eric et Yves, j'ai plutôt apprécié du fait même que c'était le premier épisode de Discovery qui avait des effluves de mystères et d'exploration, la guerre contre les Klingons est de retour cette semaine avec l'épisode qui est sensé nous tenir en haleine pendant les 7 semaines de hiatus de Noël. Si Into the Forest I Go termine bien par le cliffhanger de rigueur après de belles scènes d'action, les 44 minutes m'ont paru bien déséquilibrés pour me satisfaire complètement.
Au premier chef, dans les premières scènes d'exposition, pas mal de Trekkeries mal gérées par les scénaristes m'ont laissé dubitatif pour le moins. Yves, sort de mon corps !!! Il y a d'abord l'amiral Terral qui intime à Lorca de quitter au plus vite Pahvo pour protéger le Discovery de l'arrivée du vaisseau de la mort Klingon. Si cet amiral est Vulcain, moi, je suis le Pape. À part si le bonhomme est en plein Pon Farr, j'ai rarement vu un vulcain aussi perclus de colère. Au travers de la projection holographique, on pourrait croire que de la fumée sort de ses narines. Bref une nouvelle hérésie de la part de la série.
Il y a également le technoblabla très mal construit. Les explications techniques ont toujours été un élément constitutif de Star Trek. C'est même devenu un art, tellement la virtuosité et la précision des dialogues, de La nouvelle génération à Enterprise, semblaient être des explications crédibles et recevables et de fait permettait aux épisodes d'avancer vers leur résolution. C'est loin d'être le cas ici, l'exercice est inaudible, incompréhensible et donc inutile. Dans le même domaine, la découverte par Stamets de la carte multi-dimensionnelle de Lorca et surtout sa compréhension en un tiers de seconde n'est pas crédible pour un sou.
Si l'épisode s'était terminé avant la téléportation de Tyler et Burnham, j'aurais mis une sacrée mauvaise note à l'épisode. Mais voilà, à sa moitié, l'épisode prend une autre ampleur, l'histoire se met enfin en place pour produire à l'écran un beau moment de télévision. En dehors des scènes d'actions très efficaces, ce qui m'a le plus intéressé, c'est la dramaturgie montrée en parallèle entre 2 couples Tyler/Burnham d'un coté et de l'autre Stamets/Culber. La série, en tout cas, réussit très bien à rendre tangible l'affection de ces 2 couples pas ordinaires. Félicitations aux acteurs qui les interprètent à la perfection.
Il y a aussi le brouillard qui commence à se dissiper sur le cas Tyler avec ses retrouvailles avec la Klingonne L'Rell. L'épisode cherche à nous faire croire qu'en plus de le torturer, celui-ci était un sex-toy humain pour Klingonne en chaleur. Mais je pense surtout qu'on s'achemine vers la confirmation de la théorie des fans qui fait de lui la transformation génétique en humain du Klingon Voq. Bref une arme en forme de cheval de Troie prête à être dégoupillée par L'Rell. La réponse devrait arriver dès le retour de la série le 8 janvier.
Reste le cliffhanger de mi-saison qui devrait nous conduire logiquement à l'épisode Miroir de cette première saison. Il faudrait aussi se demander pourquoi le Discovery se retrouve à cet endroit à la fin de l'épisode. À partir du moment, où on considère que, si on nous montre quelque chose à l'écran, cela sera utilisé plus tard pour l'intrigue, pourquoi nous montrer Lorca composer les coordonnées de vol ? Notre trouble capitaine serait il responsable de ce saut hasardeux surtout quand on sait qu'il a la connaissance des dimensions alternatives et qu'il n'a peut-être pas envie de se retrouver en face d'une certaine amirale... Autre hypothèse, est ce la direction vers le vrai Prime Univers ? Beaucoup ont souligné les incohérences globales de Discovery avec les autres séries Star Trek. N'allons-nous pas découvrir qu'en fait le Discovery va arriver dans le vrai Prime Univers à la fin de la première saison ? Et si... Et si ...
Si je regarde en arrière, j'estime que Star Trek Discovery est toujours une série en construction et donc imparfaite. Ce commencement a aliéné un certain nombre de fans des séries précédentes et il me semble peu probable que, dans un avenir proche, ceux-ci regardent Discovery avec un oil neuf sauf si certaines théories se réalisent, et encore... Pour les autres, la série est très agréable à regarder, superbe visuellement et très en phase avec la demande du grand public. Bref un Star Trek pour une nouvelle génération qui ne laisse pas indifférent. Rendez vous début janvier pour la suite...

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité

Analyse
Par Yves Raducka

L’objectif d’un épisode de mi-saison (comme Discovery 01x09 Into The Forest I Go) est de s’assurer le retour des spectateurs après plusieurs mois d’interruption. Inutile alors de dire que le paquet est mis pour en mettre plein les mirettes, tel un concentré du "savoir-faire" de la série, entre la démo de showroom et le cliffhanger-de-la mort-qui-tue.

Analysons cette promesse de plus près...

Par ses crimes (le massacre de l’USS Buran) et ses manipulations (l’envoi de l’amiral Cornwell dans un piège létal), Gabriel Lorca était bien loin d’incarner l’idéal trekkien des traditionnels capitaines de Starfleet. Mais finalement, il n’est que le produit de sa société.
Or confirmant les indices dystopiques disséminés dans les épisodes précédents (emprisonnement à vie de Burnham pour avoir eu raison, recherche de tardigrades sentients pour les asservir, crainte de Stamets d’être transformé en cobaye…), Discovery 01x09 Into The Forest I Go enfonce les derniers clous dans le cercueil de l’utopie trekkienne : le cynisme anti-trekkien procède directement de l’amirauté, c’est-à-dire du système lui-même. Après le viol de la Prime Directive pour exploiter à des fins militaires les harmonies musicales des Pahvian, ayant eu pour conséquence de les exposer au bellicisme klingon, l’amiral Terral ordonne à l’USS Discovery de se défiler devant ses responsabilités et d’abandonner la pacifique Pahvo à l’anéantissement que lui réserve le vaisseau klingon Sarcophagus.
En dépit de ses oreilles pointues, Terral ressemble davantage à un général étatsunien sorti de Dr. Strangelove qu’à un Vulcain, tant il ne subsiste rien de la logique de Surak dans un comportement aussi émotionnel et colérique.
Faut-il que d’ailleurs l’immoralité décomplexée de Starfleet choque tout l’équipage de l’USS Discovery pour qu’en réaction Lorca désobéisse pour tenter de sauver la vie aux Pahvians...
Sa stratégie consiste alors à faire semblant d’obtempérer aux ordres en mettant le cap sur la starbase 46, mais seulement à distorsion 5 sous couvert officiel d’une incapacité de Paul Stamets à se connecter au spore drive. L’objectif étant de gagner trois heures pour se donner le temps de développer une contremesure aux boucliers occulteurs Klingons, puis sauter en spore drive pour revenir en orbite de Pahvo afin d’empêcher sa destruction.

L’épisode n’a pas même atteint son générique, il en est encore à son teaser, qu’il croule déjà sous les poids des incohérences :
- Les scénaristes ont-ils oublié qu’à la fin de Discovery 01x08 Si Vis Pacem, Para Bellum, si les Pahvians ont pris la malheureuse initiative de lancer un signal subspatial aux Klingons et à Starfleet, ils avaient néanmoins accédé à la demande de Burnham & co pour modifier les émissions de la tour de cristaux afin d’écholocaliser les vaisseaux klingons occultés à proximité ? Dès lors, en orbite de Pahvo, le Vaisseau des morts aurait dû perdre l’avantage tactique de son bouclier occulteur. Sauf que l’intégralité de Discovery 01x09 Into The Forest I Go ignorera ce "bénéfice" apporté par l’épisode précédent...
- L’amiral Terral souligne avec insistance que toute la matière grise de l’UFP est mise à contribution pour tenter de percer le secret du bouclier occulteur klingon. Mais qu’à cela ne tienne, Lorca prétend faire mieux tout seul et en moins de trois heures. Et effectivement, il ne faut pas plus d’une heure pour que Burnham et Saru démystifient le principe actif du bouclier occulteur et concoctent une méthodologie pour en exploiter les imperfections de fonctionnement ! Puisque c’était si facile et si rapide, il est bien dommage qu’aucune turbo-solution de ce genre n’ait été improvisée avant que les vaisseaux Klingons n’endeuillent lourdement la flotte de Starfleet.
- Stamets avait ému Sylvia Tilly (et les spectateurs avec) dans l’épisode président sur son sort de futur cobaye de Starfleet s’il avait le malheur de révéler au Dr. Culber les effets secondaires des expériences "sporiques" menées sur lui. C’était visiblement un mensonge ou une incohérence puisque Starfleet a officiellement connaissance de ces expériences, et que c’est justement en s’appuyant sur les limites de celle-ci que Lorca échafaude son plan de désobéissance.
- Saru a totalement perdu ses esprits à la surface de Pahvo et a trahi sa mission (sans même être sous le contrôle des Pahvians) dans Discovery 01x08 Si Vis Pacem, Para Bellum. Pourtant dès le début de Discovery 01x09 Into The Forest I Go, il a - comme si de rien n’était - réintégré son poste d’officier en second de l’USS Discovery. Ni observation médicale post-traumatique, ni sanction disciplinaire, ni questionnement de sa fiabilité… les mutineries n’ont visiblement pas le même poids selon les endroits dans ce Starfleet gouverné par l’arbitraire et le deux poids deux mesures.
- Est-ce que les showrunners de Discovery se souviennent seulement que les systèmes occulteurs qui confèrent un si grand avantage aux Klingons en 2257… ne seront en fait utilisé QUE par les Romuliens dix ans après ! Starfleet en découvrira l’existence seulement dans TOS 01x08 Balance Of Terror, et ce n’est que bien plus tard (vers 2285 dans ST III The Search For Spock) que les Klingons hériteront des Romuliens ou développeront par eux-mêmes des boucliers occulteurs. Cette divergence majeure et factuelle de chronologie pourrait constituer à elle seule la preuve que Discovery ne prend décidément pas place dans la même timeline ou dans le même univers que TOS...

La méthodologie proposée par Burnham et Saru consiste à envoyer un commando à bord du Sarcophagus pour y placer deux capteurs reliés (l’un à la poupe et l’autre à la proue) qui s’activeront et retransmettront des données à l’USS Discovery pendant que fonctionnera le système occulteur. Au terme de plusieurs jours de collectes de données, le personnel de l’USS Discovery serait en mesure de développer un algorithme pour révéler la position des vaisseaux klingons occultés. Oui mais voilà, les Pahviens n’ont même plus deux heures à vivre !
"L’idée de génie" de Gabriel Lorca est alors de pousser à bout le spore drive et son navigateur interfacé, Paul Stamets, en faisant accomplir au vaisseau 133 sauts enchaînés… afin de réaliser une cartographie multi-vectorielle en 3D des relevés nécessaire en seulement quatre minutes !
Pour réussira à convaincre Stamets d’accepter ce sacrifice, le capitaine lui révélera son intérêt exploratoire pour le spore drive, carte diachronique à l’appui.
Tenant visiblement beaucoup à Burhnam (probablement parce qu’il perçoit en elle une "homologue en insubordination"), Lorca ne veut initialement pas la laisser se joindre au commando. Mais comme d’habitude, Michael argumentera et réussira à convaincre Lorca de la laisser accompagner Ash Tyler sur le vaisseau klingon, en s’y téléportant durant le moment précis où le Vaisseau des morts se désoccultera. À bord du Sarcophagus, les héros découvriront la présence d’un signe de vie humain que bien sûr Michael seule s’imposera de sauver. Il s’agira évidemment de l’amirale Cornwell, finalement vivante en dépit de son électrocution. Et partageant son infortune, L’Rell, particulièrement malmenée par Kol.

Une stratégie qui pourrait vaguement évoquer TOS 03x04 The Enterprise Incident, du moins si elle était cohérente. Hélas, il n’en est rien, car rebelote, c’est un nouveau festival d’absurdités :
- Étant donné ses passifs manipulatoires, il est tout à fait possible que Lorca se rallie la sympathie de son équipage (et notamment de Saru, de Stamets, de Culber, et de Burnham) en s’érigeant ostensiblement en champion trekkien de la survie des innocents Pahvians. Car c’est en leur nom qu’il suscite un brainstorming réussissant à faire faire en une heure ce que toute l’intelligence cumulée de l’UFP n’avait pas réussi à faire en plusieurs mois de guerre ! C’est également (entre autres) au nom des Pahvians qu’il arrache dans la joie le sacrifice de Stamets, et dans la résignation la complicité de Culber.
- De même, l’expression par le capitaine de son intérêt théorique pour les recherches sur le spore drive à des fins d’exploration après la guerre... est exactement le langage auquel Stamets ne pouvait que succomber. Car depuis DIS 01x03 Context Is For Kings, l’astromycologue ne cesse de dénoncer la militarisation de ses découvertes. Sincérité ou manipulation ? Peut-être un peu des deux, vu que les scénaristes cherchent à cultiver en toute occasion l’ambivalence du capitaine... comme de la plupart des personnages afin d’être au maximum en phase avec la société contemporaine.
- Lorsque Gabriel Lorca exhumera une carte ayant archivé tous les sauts de Stamets, celui-ci interprétera instantanément les points "d’énergie négative" comme des portes d’accès vers des univers parallèles... avec l’approbation du capitaine ! Ben voyons. Alors autant il aurait été vraisemblable que tout cela soit évident aux yeux du lieutenant Ducane au 29ème siècle à bord de l’USS Relativity (qui pouvait scanner les timelines alternatives et "remodeler" n’importe quelle époque), autant il est inconséquent d’en faire une évidence pour tout le monde dix ans avant TOS où aucun humain n’avait encore découvert le voyage temporel, ni les timelines alternatives, ni les univers parallèles. Veut-on faire passer les protagonistes de DIS pour des Time Lords sortis de Doctor Who ? Le mépris des showrunners envers la série originale s’exprime par le fait qu’ils ne manquent jamais une occasion de l’exclure purement et simplement du champ des conséquences de ce que met en scène Discovery...
- S’il est possible de téléporter clandestinement des officiers armés et tout équipés sur un vaisseau klingon en phase de désoccultation, alors il devrait être a fortiori possible de téléporter directement deux capteurs programmés pour s’activer et émettre automatiquement des données à chaque occultation. Oui, mais voilà, il faut bien offrir artificiellement à Michael Burnham et à son galant des moments d’héroïsme hollywoodiens, notamment un duel singulier avec Kol, le sauvetage de l’amirale Cornwell, et l’emprisonnement de L’Rell sur l’USS Discovery.
- En exploitant de façon sérieuse pareille vulnérabilité tactique des vaisseaux klingons équipés de boucliers occulteurs, pourquoi ne pas en profiter pour y téléporter à chaque fois des bombes et les faire exploser de l’intérieur ? Du coup, ça rééquilibrerait aussitôt les forces, et qui plus est de façon classique (comme dans les ST historiques). Exit alors toute cette surenchère technologique extravagante et anachronique dans Discovery (spore drive, "cartographie 3D" en 133 sauts, etc.) pour tenter de vaincre les Klingons présentés comme tellement supérieurs en puissance et en intelligence...
- Les 133 sauts successifs en spore drive dessinent un tape-à-l’œil technologique particulièrement clinquant. Il est bien sûr permis d’accepter cette procédure sans la discuter, et plus généralement tout le mumbo-jumbo technologique sans queue ni tête dont DIS s’est fait une spécialité, à la façon d’une magie de fantasy. Néanmoins, sur la base de tout ce que la franchise Star Trek a révélé durant des décennies de production (aussi bien à l’ère de TOS qu’à celle de TNG), les vaisseaux de Starfleet (capables de téléporter à des milliers de kilomètres d’intégralité des atomes de n’importe quelle structure vivante ou inerte) disposaient de détecteurs suffisamment puissants et multi-vectoriels pour n’avoir pas besoin de réaliser des photographies ("snapshots" en VO) sous tous les angles possibles quasi-simultanément pour identifier les vulnérabilités des boucliers occulteurs (a fortiori si l’on s’appuie sur la grande commodité de "chevaux de Troie" technologiques à l’intérieur du vaisseau occulté). Cette manœuvre a tout de l’enfumage narratif pour faire pleurer Margot sur le sacrifice consenti de l’héroïque Stamets, et surtout pour conduire au messianique cliffhanger.
- L’opération de commando en duo sur le vaisseau ennemi est manifestement devenu un rituel obligatoire dans chaque opus depuis ST 2009. Discovery n’y échappe pas. Ce n’était pas davantage crédible dans DIS 01x02 Battle At The Binary Stars que ça ne l’est dans cet épisode. Visiblement les vaisseaux Romuliens et de la Section 31 dans Kelvin, puis les vaisseaux Klingons dans Discovery se laissent pénétrer comme des passoires ou des moulins. Il "suffit" d’un brouilleur de signaux portable pour que les intrusions ne soient pas repérées par des forces pourtant ultra-belliqueuses et paranos, qui plus est en période de guerre (alors que la moindre intrusion était identifiée en temps de paix sur les USS Enterprise bien moins paranos de Kirk et de Picard respectivement dans TOS et TNG).
- L’allégeance de L’Rell avait été consentie par Kol (moyennant toutefois divers sévices et un emprisonnement) parce qu’elle avait convaincu le général de la mort de Kat Cornwell durant une tentative d’évasion. Comment se fait-il alors que seuls les deux officiers de Starfleet aient repéré avec leurs tricordeurs la présence de l’amirale vivante à bord du Sarcophagus ? Les Klingons n’auraient-il pas dû être les premiers à repérer une vie non-klingonne à bord de leur vaisseau (non protégée quant à elle par un brouilleur de signaux contrairement à Michael et Ash) ?
- Une fois de plus, seule Michael Burnham propose la stratégie qui sauve la situation, une fois de plus Michael s’oppose aux ordres de son capitaine et réussit à avoir raison de tous ses contradicteurs, une fois de plus Michael est la seule à vouloir sauver tout vie humaine tombée dans les griffes klingonnes (lorsque Lorca n’avait pas hésité à y abandonner Mudd), etc. Oui, les spectateurs ont maintenant bien compris que Michael est la seule super-héroïne du show ; elle est systématiquement trekkienne, désintéressée, et sacrificielle en toute circonstance, une espèce de Batman au féminin en constante rébellion contre une société pourrie qui cherche à la mettre à l’ombre. Mais il arrive un moment où cette univocité devient soûlante. Car même dans les dystopies, a fortiori aussi hich tech, il n’est pas crédible qu’un seul personnage porte le monopole du bon sens, de l’intelligence, de l’éthique, et de la morale. C’est juste too much, et il est difficile de ne pas ressentir désormais un agacement devant "Burnham-je-sais-mieux-que-tout-le-monde".

Pour laisser à Michael et Ash le temps de disposer les capteurs à bord du Vaisseau des morts, l’USS Discovery multiplie les attaques fugaces et les escarmouches. Suivant le fil d’Ariane, les deux officiers tombent sur l’amirale Cornwell... et en même temps sur L’Rell. La première est très mal en point, avec les jambes paralysées. À la seule vue de la seconde, Ash est immédiatement plongé dans un état de choc - force flashbacks de tortures et d’abus sexuels à l’appui – que l’amirale Cornwell identifiera d’emblée comme un stress post-traumatique ("PTSD symptoms" en VO).
À force de subir les assauts de l’USS Discovery, le Sarcophagus active son système occulteur (alors les émissions Pahviannes auraient dû le rendre inefficace mais passons). Dès lors, les deux capteurs s’activent, et Lorca lance alors la séquences des 133 sauts...
Surpris par le spore drive et les sauts stroboscopiques de l’USS Discovery, Kol donne l’ordre de passer en distorsion. Cachée dans un recoin de la passerelle et comprenant les intentions de Kol (grâce à un traducteur universel), Michael décide alors de révéler sa présence en tirant sur plusieurs Klingons afin d’empêcher le Sarcophagus de quitter l’orbite de Pahvo pour que l’USS Discovery puisse achever sa mission de photographie 3D. Puis Burnham tient tête à Kol avec le même aplomb (ou la même impudence) que face à Lorca (et auparavant à Georgiou), se targuant notamment d’avoir tué T’Kuvma (ce dont Kol lui est reconnaissant – intrigue de palais oblige), pour finalement le défier en duel au nom de l’honneur klingon. Un duel qu’elle réussit à faire durer le temps que l’USS Discovery achève sa cartographie puis l’algorithme de Saru, et jusqu’à ce que le vaisseau de Starfleet téléporte Cornwell, Ash (finalement sortie de sa catatonie), involontairement L’Rell (qui s’est accrochée à lui comme Gillian à Kirk dans ST IV The Voyage Home), et Michael. Aussitôt le détachement à bord, et grâce au nouvel algorithme "anti-bouclier occulteur", l’USS Discovery fait feu sur le Sarcophagus… et le détruit en quelques secondes ! La scène de destruction en arrière-plan est du pur Michael Bay, du grand art quoi !
Kat Cornwell est rapatriée en navette à la starbase 88. L’amiral Terrak félicite Lorca pour son triomphe en dépit de ses méthodes peu orthodoxes, et l’invite à la starbase 46 pour lui décerner la Légion d’honneur. Finalement, Lorca demandera que cette dernière soit à la place attribuée à Stamets étant donné son sacrifice (bel élan de générosité et d’équité... au premier abord). Lors d’un échange très introspectif entre le capitaine et l’astromycologue, celui-ci demandera contre tout attente à accomplir un ultime saut vers la starbase... avant de rendre définitivement son tablier de navigateur "sporique".
Parallèlement, Ash confiera à Michael durant une séance de confession mieux écrite que d’ordinaire, l’étendue de son traumatisme de détention chez les Klingons, et notamment ce qu’il a dû s’abaisser à faire pour survivre face au sadomasochisme pervers de L’Rell. Puis suite à des cauchemars sexuels qui le réveilleront en sursaut, Ash rendra visite à la Klingonne emprisonnée à bord de l’USS Discovery. Et tel un coup de théâtre, l’ambivalence de leur échange suggéra un rapport de soumission et/ou de dépendance plaidant en faveur... de l’hypothèse formulée par de nombreux trekkers (i.e. un agent Klingon infiltré parmi les humains).

Sans surprise, c’est de nouveau une salve d’incohérences... ou de regrets :
- Les 133 sauts consentis par Stamets peuvent signer son trépas. Il le sait, son ami Culber aussi. Dès lors, la proclamation de leur amour mutuel sonne à la façon d’un adieu qui, derrière la vitre du reaction cube, évoquerait presque la fin de Star Trek II The Wrath Of Khan. En cours de processus, l’état physique de l’astromycologue se dégrade, et le médecin supplie alors le capitaine de stopper la séquence de saut. Mais devant l’indifférence de Lorca à sa prière, Stamets obéit la mort dans l’âme et drogue davantage son ami. Il y a assurément une emprunte de fatalisme et de stoïcisme dans cette relation prisonnière du devoir. Malheureusement, tout l’édifice techno-narratif ayant conduit à cette scène est tellement bancal et prétexte qu’il est bien difficile de lui accorder le crédit qu’elle aurait virtuellement mérité.
- Dans Discovery 01x05 Choose Your Pain, durant son évasion avec Lorca, Ash s’était déjà retrouvé face à L’Rell… sans pour autant être frappé d’un quelconque choc tétanisant. Certes, le temps est passé, loin des Klingons, et la réminiscence d’un traumatisme peut être handicapante. Malgré tout, si les médecins de l’USS Discovery avaient fait correctement leur travail avant de confier à Tyler un poste aussi stratégique que celui de chef de la sécurité et/ou avant de l’autoriser à conduire une opération commando sur un vaisseau klingon, ils auraient normalement dû remarquer le PTSD dont Ash souffrait, et icelui n’aurait pas dû être autorisé à reprendre son service, ou du moins à partir en mission sur le Vaisseau des morts.
- La scène de confession d’Ash à Michael, sans doute la mieux écrite de l’épisode, était susceptible de véhiculer une certaine audace sur l’exposition des troubles d’un homme - et non d’une femme - victime de sévices et d’abus sexuels. Sauf que celle-ci se voit aussitôt ruinée par la dynamique artificielle des agendas-secrets-en-kit tirés des séries Lost et Alias des mêmes auteurs. Est-ce une réédition de The Manchurian Candidate (versions John Frankenheimer ou Jonathan Demme) ? Maintenant, si Ash est un Klingon chirurgicalement modifié infiltré parmi les humains, cela signifie au pire que ledit stress post-traumatique n’est qu’une comédie (mais alors pourquoi mettre en scène des faux flashbacks puisque ceux-ci étaient exclusivement en "mode subjectif" et non "narratif" ?), et cela signifie au mieux que le stress en question ne signifie pas du tout ce que l’épisode tentait de suggérer (invalidant du coup la portée psychanalytique du subtext). Dans tous les cas, cet éventuel ressort d’infiltration battrait tous les records d’impéritie scénaristique. Car outre de ridiculiser les technologies de détection de Starfleet en temps de guerre (à son retour de captivité, Tyler a forcément été soumis aux examens médicaux les plus poussés, sans parler de la téléportation...), ce Klingon maquillé en humain est probablement le personnage de la série à révéler la plus fine psychologie et compréhension de l’humanité… tandis que les pseudo-Klingons de la série font figure au naturel de Cro-Magnons. Cherchez le non-sens…
- Pourquoi le Vaisseau des morts n’est-il pas passé en distorsion lorsque Kol en a donné l’ordre ? L’attaque de Burnham puis le défi en duel n’aurait en soi pas dû annuler l’ordre que le général avait déjà donné à ses subordonnés...
- Michael exhibe la technologie des traducteurs universels à la gloire de la Fédération, et les Klingons semblent d’abord ne pas savoir ce que c’est, puis le perçoivent comme une atteinte à la culture klingonne !!! Il n’y avait qu’un pas à franchir pour qu’ils y voient une diablerie ! Mais de qui se moque-t-on ? Les Klingons voyagent dans le cosmos depuis presque aussi longtemps que les Vulcains, or les UT président aux contacts, aux échanges et aux conquêtes. De plus, la série Enterprise a bien montré qu’un siècle auparavant, l’Empire klingon disposait bien de cette technologie - basique dans le Trekverse.
- C’est au nom du légendaire "honneur" que Burnham réussit à affronter Kol en duel singulier. Bravo, elle sait exploiter le vocabulaire klingon (avec ou sans traducteur universel). Sauf que ce vocable cardinal dans le paradigme klingon est à la fois ignoré et vidé de son sens tout au long de la Discovery, les Klingons de cette série n’en respectant aucun des mécanismes ni des corollaires. Et comble de l’incurie, il faut que ce soit une non-Klingonne qui rappelle l’honneur au bon souvenir du général en chef des Klingons, qui plus est à des fins manipulatoires, offrant un prétexte de plus à un jeu d’ironie. Un constat d’obsolescence adressé amoureusement aux trekkers ?
- Comment se fait-il que Michael Burnham n’ait pas cherché à ramener Kol avec elle à bord de l’USS Discovery ? Il lui aurait suffi de s’agripper à lui (elle était juste à côté) au moment de la téléportation. C’est pourtant bien elle qui avait révélé dans DIS 01x02 Battle At The Binary Stars la stratégie de capture du chef klingon pour stopper une guerre. Au lieu de ça, la mort de Kol va le transformer en martyr, exactement comme la mort de T’Kuvma au début de la série. Manifestement, les scénaristes tiennent à ce que cette guerre absurde dure le plus longtemps possible...
- Comment l’USS Discovery réussit-il a détruire en quelques secondes le plus puissant vaisseau Klingon ? La détection à travers son bouclier occulteur ne suffisait pas à renverser sans explication un rapport de force aussi massivement en faveur des vaisseaux Klingons depuis le début de la série. Et quand bien même le Sarcophagus ne pouvait riposter avec le système occulteur actif, Kol n’aurait pas dû rester à ce point passif devant l’assaut de l’USS Discovery. Au lieu de pousser des grognements stériles, il aurait logiquement dû désactiver le camouflage (devenu inutile) de son vaisseau ou passer en distorsion (comme initialement prévu).

Place au cliffhanger... aussi attendu que prévisible.
Stamets a survécu miraculeusement à 133 sauts, pour les Pahvians, pour la Fédération, et pour la science.
Mais Stamets a failli y rester, il est affaibli, et sous l’emprise de médications lourdes. Dans de pareilles conditions, quel sens cela avait-il de faire un nouveau "saut mycologique"... sans aucune utilité stratégique ou tactique... juste pour gagner trois heures de voyage en distorsion ?!!
Totalement prédictible et cousu de fil blanc, ce saut conclusif ne pouvait qu’être celui de trop : Stamets perd connaissance, ses yeux deviennent vitreux, tandis que l’USS Discovery se retrouve propulsé parmi les épaves d’un champ de bataille spatiale, dans un endroit inconnu du cosmos (façon pilote de Star Trek Voyager)... ou dans un monde parallèle. Le rideau tombe. Suite dans deux mois.
Cette chute est d’autant plus prévisible que l’épisode a martelé que Stamets est désormais frappé d’omniscience, il prétendrait comprendre la nature de l’univers voire des multivers, le mycelial network est en lui. Il était donc écrit que l’USS Discovery serait emporté dans son dédale...
Alors serait-ce une autre galaxie, l’Univers miroir, ou le miroir déformant de qui était déjà un Univers miroir depuis le début de la série (comme suggéré à la fin de Discovery 01x05 Choose Your Pain) ?
Et puisque Discovery flirte davantage avec Alias, Lost, Fringe, Dynasty et un GoT (du pauvre)... qu’avec Star Trek, tant qu’à faire, il serait ludique de soupçonner chaque personnage d’avoir des tiroirs secrets voire de ne pas du tout être celui qu’il prétend. Par exemple : ayant (pour la première fois) entré lui-même dans l’ordinateur les coordonnées du dernier saut, Lorca pourrait-il être l’agent infiltré d’une autre réalité ?
Quitte à fantasmer, la suite de la saison (voire de la série) va-t-elle faire voyager l’USS Discovery entre les timelines ou entre les univers parallèles à la façon de l’épisode TNG 07x10 Parallels (signé Brannon Braga) ou de la série Sliders (créée par Tracy Tormé) ?

Après bien des aléas, avec ce neuvième épisode, Discovery se hisse au "rang" des blockbusters estivaux... passés maîtres dans l’art du divertissement... mais aussi de l’enfumage. La dramaturgie y est au mieux artificielle, au pire convenue, car les quelques instants de grâce potentiels (la relation stoïque entre Stamets et Culber et les confessions traumatiques de Tyler à Burnham) se dérobent tels des sables mouvant devant l’enchaînement des effets et des twists plus ou moins manipulatoires. Même les potentialités exploratrices qui s’expriment soudain et en filigrane à travers Lorca s’apparentent aux mêmes promesses politiciennes que dans les dernières minutes de ST 2009 et de ST Into Darkness.
In fine, Discovery 01x09 Into The Forest I Go se laisse apprécier à la seule condition de laisser son cerveau au vestiaire. Auquel cas, l’expérience peut être "sympa", du moins comme l’étaient les trois films Kelvin.
Malheureusement, les incohérences sont si nombreuses et si denses (en moyenne une par minute !) qu’il faut se garder consciencieusement de toute vigilance durant le visionnage, sinon c’est l’éjection brutale et la mort de la suspension d’incrédulité.
Par ailleurs, au titre de série sérialisée, Discovery a de très gros progrès à faire, car il serait possible de passer directement du pilote en deux parties à ce neuvième épisode sans y perdre quoi que ce soit en terme de compréhension.
Enfin, en tant que Star Trek, c’est toujours l’électroencéphalogramme plat, car l’UFP dépeinte - pourtant véritable héroïne de la franchise - est maintenant une dystopie systémique. Tandis que les profils psycho-sociologiques sont ni plus ni moins ceux des humains contemporains... mais pervertis par les dark soaps en vogue. Il ne reste strictement rien du fond, de la philosophie, de l’ontologie, de l’idéalisme, et de la chronologie trekkiennes.
Sauf peut-être... s’il était révélé dans la seconde moitié de la saison que les neufs premiers épisodes se déroulaient dans un univers plus ou moins miroir. Il reste donc encore une lueur d’espoir (quoique non entièrement rétroactive)...

Cette ligne de programmation ne sert qu'a formaté proprement les lignes de textes lors d'un utilisation sous Mozilla Firefox. J'aimerais pouvoir m'en passer mais je ne sait pas comment, alors pour l'instant. Longue vie et prospèrité